« commencement », définition dans le dictionnaire Littré

commencement

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commencement

(ko-man-se-man ; quelques personnes prononcent ke-man-se-man ; cette prononciation, qui est un provincialisme, n'est pas reçue ; du reste il est constant que nos ancêtres avaient une certaine tendance à assourdir le son de l'o en e muet ; d'après Palsgrave, p. 57, au XVIe siècle, on prononçait coumanceman) s. m.
  • 1La première partie d'une chose qui a étendue ou durée. Bon, mauvais commencement. Le commencement d'un livre, de l'année. Les vieillards qui lui conseillaient d'affermir les commencements de son règne, Massillon, Petit-Carême. Tent. des grands. Pour reprendre un fait dès ses commencements, La Bruyère, Théophr. 12. Dès le commencement de nos entretiens, dit-il, je me suis engagé à vous expliquer les maximes de nos auteurs pour toutes sortes de conditions, Pascal, Prov. 8. Les hommes s'ennuient enfin des mêmes choses qui les ont charmés dans leurs commencements, La Bruyère, XI. Le poëme tragique vous serre le cœur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer…, La Bruyère, I. Ce que je sais le mieux c'est mon commencement, Racine, Plaid. III, 3.

    Prendre son commencement, prendre commencement, en parlant des choses, commencer. La guerre prit commencement, ou prit son commencement au printemps.

    Au commencement, dans le commencement, dans les premiers temps. Au commencement tout allait bien.

    Au commencement que… Au commencement que l'évêque avait seul entre les mains tout le revenu de son église, en était-il plus fastueux ? Massillon, Conf. Usage des revenus ecclésiast.

    Dans le style de l'Écriture, au commencement, c'est-à-dire au commencement du monde. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

  • 2 Terme de théologie. Premier principe. Dieu est le commencement et la fin de toutes choses.
  • 3 Terme de jurisprudence. Commencement de preuve, indice qui commence une preuve, qui met sur la voie de la preuve, qui autorise à fournir la preuve.
  • 4Ébauche. Ronsard, qui de son temps a passé pour le prince des poëtes français, quoique au jugement de M. de Balzac il ne soit tout au plus que la matière et le commencement d'un grand poëte…, Ménage, Préface aux Œuvres de Malherbe.
  • 5 Au plur. Les premiers développements d'un État, d'un homme. Les grandes fortunes viennent souvent de petits commencements. Il ne faut pas prendre, de la ville de Rome dans ses commencements, l'idée que nous donnent les villes que nous voyons aujourd'hui, Montesquieu, Rom. I. Tout le reste de sa conduite répondit à de si beaux commencements, Bossuet, le Tellier. La plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance ; leur paresse ou leur inconstance leur fait perdre le fruit des meilleurs commencements, La Bruyère, XI. Les commencements de ceux qui n'ont pour eux que leur mérite sont assez obscurs et assez lents, Fontenelle, Dodart.

    Les premières leçons ou notions d'un art, d'une science. Les commencements sont toujours difficiles. Avoir de bons commencements. Donner de bons commencements.

    PROVERBE

    Il y a commencement à tout, c'est-à-dire il faut faire son apprentissage en toutes choses, on ne peut bien faire tout d'abord.

REMARQUE

On entend souvent des phrases comme celle-ci : nous allâmes demeurer tout auprès de lui, et du commencement l'on se visitait. Il faut dire : au commencement, dans le commencement. Le bon usage n'a point adopté cette locution, bien qu'elle soit construite comme du temps (du temps de Louis XIV), et qu'on ait dit autrefois : de commencement.

HISTORIQUE

XIIe s. Commencement de douce saison bele, Que je voi revenir, Couci, XVIII.

XIIIe s. Comme ele l'arrea [la trahison] dès le commencement, Berte, XCV. Ele [la dame] commence avenanment [son récit] ; Or oyés le commencement, Flore et Bl. 55. Quant li avocat pledent por autre, il doit dire à celi qui tient le [la] cort el commenchement se [sa] parole, Beaumanoir, V, 7.

XIVe s. Pour ce que riens ne vault li bons commencemens Ne li moiens [le milieu], se bons n'est li deffinemens, Girart de Ross. V. 5969. Et semble que le commencement ou principe soit plus de la moitié de toute la besoigne, Oresme, Eth. XI, 17. Selon Aristote, le monde est perdurable, mès en verité il eut commencement, Oresme, ib. 66.

XVe s. [Les archers] se bouterent au hahay, et navrerent de commencement tout plein des garçons des Hainuyers, Froissart, I, I, 31. La fin en sera mauvaise ; Ains que vostre œuvre soit usée ; Commencement n'est pas fusée, J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 111, dans LACURNE. L'on dit : commencement n'est pas fusée mais advantaige grant, Perceforest, t. VI, p. 84.

XVIe s. Mourut ce bon capitaine et honnorable seigneur, qui ne pouvoit mourir autrement ; car qui a bon commencement a bonne fin, Brantôme, Capit. fr. t. I, p. 82, dans LACURNE. Zenon, tout au commencement des livres de la republique, declaroit inutiles toutes les liberales disciplines, Montaigne, II, 239.

ÉTYMOLOGIE

Commencer ; Berry, c'mincement, c'mencement ; provenç. comensamens ; catal. comensament ; anc. espagn. comenzamiento ; ital. cominciamento. L'ancien français avait aussi commencence et comensaille.