« comptant », définition dans le dictionnaire Littré

comptant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

comptant

(con-tan) adj. m.
  • 1Il ne se dit guère que dans ces locutions : argent comptant, deniers comptants, payés sur l'heure et en espèces. Recevant dix mille francs argent comptant, Pascal, Prov. 12. Pour les revendre argent comptant, Pascal, ib. 8. Qu'un million comptant par ses fourbes acquis, Boileau, Sat. I. Bonheur étrange ! Je bois et mange Sans un sou comptant, Béranger, Cocag.

    Fig. C'est de l'argent comptant, c'est une valeur, c'est un engagement aussi sûr que si l'argent était comptant.

    Prendre une chose pour argent comptant, se fier aveuglément à des paroles. Prendrons-nous tout ceci pour de l'argent comptant ? Molière, Sgan 22. Sa parenté prit pour argent comptant Un tel motif…, La Fontaine, Diable.

    Avoir de l'esprit argent comptant, avoir de l'à-propos, la repartie vive.

  • 2 S. m. Le comptant, l'argent comptant. Acheter, vendre au comptant. Il avait du comptant, Et partant, Toutes voulaient lui plaire, La Fontaine, Fabl. I, 17. Que faut-il encore ? Force comptant, La Fontaine, Rem.

    Autrefois, petit comptant, bureau au trésor royal où l'on payait les sommes au-dessous de 1000 livres ; et grand comptant, bureau où l'on payait les sommes au-dessus.

    Ordonnance de comptant, ordre de payer que le roi donnait au trésor, sans indiquer la destination des fonds et sans aucune formalité pour le payement.

    Terme de bourse. Opération au comptant, opération dont le règlement, c'est-à-dire la livraison et le payement de l'objet vendu, a lieu au moment même où se fait l'opération ou dans un délai excessivement limité.

  • 3Adverbialement. Payer comptant, payer en espèces ; et fig. Rendre immédiatement ce qu'on nous a fait, en bien ou en mal. Le plaisir de faire du bien nous paye comptant de notre bienfait, Massillon, Petit carême, Human. des gr.

REMARQUE

Comptant est ici un participe actif, pris passivement, et dit pour qui se compte ; comme dans couleur voyante, c'est-à-dire couleur qui se voit.

HISTORIQUE

XVe s. Mil escus d'or content, Commines, III, 11. Dieu a payé contant en nostre temps telles cruaultés sans attendre, Commines, VI, 9.

XVIe s. Là recouvrerez argent à taz ; car le villain en ha du content, Rabelais, Garg. I, 33. Donner pour argent comptant des conjecteures, Montaigne, I, 103. Payer à purs deniers comptants, Montaigne, I, 119. Tout l'or et l'argent comptant, Amyot, Rom. 4. Il achepta à deniers comptans l'ambition d'Épicydes, Amyot, Thém. 11. Que les modestes et temporiseurs, se fiants en leurs services, le perdoient [l'avancement] tout comptant [tout net], Carloix, II, 10. Pour Dieu, n'allegue ici les forces de vertu ! Tu le perdrois contant [tu serais vaincu à l'instant], Ronsard, 904.

ÉTYMOLOGIE

Compter.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COMPTANT. Ajoutez :
4À l'octroi de Paris, le petit comptant, recette qui, ne dépassant pas un franc, n'exige pas l'emploi du timbre d'acquit ; grand comptant, recette qui dépasse un franc. Tout article, faut-il le dire ? est muni d'un numéro d'ordre, qu'il soit au petit comptant ou au grand comptant, Maxime du Camp, Rev. des Deux-Mondes, 1er fév. 1874, p. 523.

REMARQUE

Ajoutez :

2. Avoir de l'esprit argent comptant ; Marivaux paraît être le premier qui ait introduit cette forme dans le français. Il [Panard] n'avait de l'esprit que quand il écrivait, il ne l'avait point en argent comptant, comme disait M. de Marivaux, Collé, Journ. t. III, p. 197. Avoir de l'esprit argent comptant, est une forme imitée du latin : ingenium eum in numerato habere, a dit Quintilien d'un avocat qui parlait facilement sans préparation, Inst. orat. VI, 3, n° III.