« confusion », définition dans le dictionnaire Littré

confusion

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

confusion

(kon-fu-zion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1État de ce qui est confondu, pêle-mêle, indistinct. Il n'y a point eu de confusion à cette fête malgré l'affluence. Il est vrai, monseigneur, que je n'ai jamais aimé la confusion ni le désordre, Guez de Balzac, liv. I, lett. 2. Profitez, pour cacher votre prompte retraite, De la confusion que ma disgrâce y jette, Racine, Phèd. V, 1. Dans la confusion que nous venons d'entendre…, Racine, Mithr. V, 1.

    Confusion des pouvoirs, état d'un gouvernement où les pouvoirs sont mal limités, et, aussi, où les pouvoirs, étant limités, empiètent les uns sur les autres.

    Confusion du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, état politique où la même main réunit ces deux pouvoirs. Dans l'empire des Arabes, le califat présentait la confusion des deux pouvoirs, spirituel et temporel.

    Terme de jurisprudence. Confusion de droits et d'actions, ou, simplement, confusion, réunion en une même personne de droits concernant un même objet, de qualités qui s'entre-détruisent.

    Spécialement. Réunion, dans la même personne, des qualités de créancier et de débiteur. La confusion est un mode d'extinction des obligations.

    Confusion de part, doute sur la question de savoir à quel père appartient un enfant, quand une femme, se remariant à la fin du troisième mois de son veuvage, accouche six mois et un jour après le second mariage.

    Année de confusion, l'an de Rome 708, où le calendrier fut réformé par l'ordre de Jules César, et qui se composa de 445 jours.

    En confusion, dans un état où les choses sont confondues. Les objets paraissent sombres et en confusion le matin aux premières lueurs de l'aurore, Fénelon, Tél. XXIV. Qui croira que, les caractères de l'alphabet ayant été jetés en confusion, un coup du hasard ait rassemblé toutes les lettres dans l'arrangement nécessaire pour décrire de grands événements ? Fénelon, Exist. 5. Et d'autres faits de même importance dont les histoires humaines ne parlent qu'en confusion, Bossuet, Hist. II, 1.

    La confusion des langues, l'impossibilité où les ouvriers de la tour de Babel furent de s'entendre, suivant le récit de la Bible, qui dit que Dieu confondit leur langue qui était la même pour tous, afin de châtier leur orgueil.

    Fig. C'est ici la confusion des langues, locution qui se dit de gens entre lesquels il n'y a point d'entente.

  • 2Promiscuité. Abolir le mariage, permettre une brutale confusion parmi les hommes, Massillon, Avent. Noël.
  • 3Troubles publics, ébranlement de l'ordre établi. Dans les confusions d'une guerre civile, avec une puissance si énorme, un brouillon est à craindre, Patru, Plaid. 7, dans RICHELET. Est-ce que les temps de confusion ne sont pas encore accomplis ? Bossuet, Duch. d'Orl. Que dans cette effroyable confusion de toutes choses, il est beau de considérer ce que la grande Henriette a entrepris pour le salut de ce royaume ! Bossuet, Reine d'Anglet. La confusion qu'il mettait dans l'Église, Bossuet, Hist. II, 12. Toute l'Église est remplie de confusion, Bossuet, ib. I, 11.

    En confusion, en bouleversement. Les Gracques mirent tout en confusion, Bossuet, ib. III, 7. Le péché mettrait tout en confusion, Bossuet, Unité, 1. Ce droit met tout en confusion, Bossuet, Avert. 5.

  • 4Manquement à reconnaître les distinctions, les différences. Il commit une confusion regrettable, en attribuant à un autre ce qui était de votre fait. Confusion de noms, de lieux, de dates, de personnes.
  • 5Défaut d'ordre, de clarté. J'espère démêler cette confusion, Corneille, Héracl. IV, 5. … Chaque illusion Redoublait mon effroi par sa confusion, Corneille, Hor. I, 3. D'où naît dans ses conseils cette confusion ? Racine, Ath. III, 3. Cet ordre si nécessaire [dans l'arrangement des végétaux] n'a point été établi par la nature, qui a préféré une confusion magnifique à la commodité des physiciens, et c'est à eux à mettre, presque malgré elle, de l'arrangement et un système dans les plantes, Fontenelle, Tournefort.
  • 6Profusion. Ce sens a vieilli. Il y avait à ce repas une grande confusion de mets.

    En confusion, avec profusion. Ce sens vieillit. La nymphe porte un vase d'où tombent en confusion des pièces de monnaie, Fénelon, XIX, 461. Le plancher est fait de branches de bouleau ou de pin, qu'ils jettent en confusion pour leur servir de lit, Regnard, Voy. en Laponie.

  • 7Embarras que cause la honte de quelque faute, de quelque méprise, ou la modestie, ou la pudeur. Vous redoublez ma honte et ma confusion, Corneille, Hor. IV, 2. Faites son châtiment de sa confusion, Corneille, Cinna, IV, 3. Vous en devriez avoir confusion, Molière, Amph. II, 2. Je n'ai point voulu faire confusion à personne, Bossuet, Vie rel. Dans ma confusion que Roxane, madame, Attribuait encore à l'excès de ma flamme, Racine, Baj. III, 4. Le souvenir de son innocence vous a couvert de confusion, Massillon, Car. Mélange.

    En confusion, confus, honteux. J'en suis en confusion pour lui, Molière, Précieuses, 6.

    À la confusion de, à la grande honte, au grand dépit de. Et, sans attendre d'ordre en cette occasion, Mon zèle ardent l'a prise à ma confusion, Corneille, Pomp. III, 2. Je le dis à ma confusion, Sévigné, 377. Il faut reconnaître à la confusion du genre humain que…, Bossuet, Hist. II, 3. À ma confusion, Néron veut faire voir Qu'Agrippine promet par delà son pouvoir, Racine, Brit. I, 2.

HISTORIQUE

XIe s. Nous est venue male confusion, Ch. de Rol. CXC. Nouveles De duel [deuil] et de domage et de confusion, Sax. XI. Drois empereres, dit Do, je suis vostre hom ; Si ne volroie vostre confusion, Raoul de C. 242. Nos avons pensé de la confusion de tant de livres, Machab. II, 2.

XIIIe s. Confusions covri la moie face, Psautier, f° 80.

XIVe s. Et disoit que toutes choses sont faites par la controversie des elemens du monde, par quoy il departirent de ce que il estoient ensemble en une confusion, Oresme, Eth. 230. Souffrir et endurer très laides confusions pour un bien qui est comme nul ou petit, c'est condition de malvais, Oresme, ib. 49. Cabataille de mer, c'est grant confusion, Baud. de Seb. I, 654.

XVIe s. Ez confusions publiques [dans les troubles, les malheurs], Montaigne, I, 47. Ces confusions meritent d'estre plustost appellées brigandages que guerres, Lanoue, 25. Si ne doit on pas regler les choses selon les convoitises et confusions presentes, Lanoue, 47. La discipline et l'entretenement manquant, plus il y a d'hommes, plus il y a de desordre et de confusion, Lanoue, 262. Il y a, après, la diversité de rotondes, à double rang de dantele, ou bien fraises à confusion, D'Aubigné, Faen. I, 2. Je ne vis jamais une telle confusion d'opinions, D'Aubigné, ib. I, 11.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. confusio ; espagn. confusion ; ital. confusione ; du latin confusionem, de confusus (voy. CONFUS).