« contemplation », définition dans le dictionnaire Littré

contemplation

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contemplation

(kon-tan-pla-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action de contempler. La contemplation des astres. Belle contemplation vraiment ! Bernardin de Saint-Pierre, Mort de Socrate. Il le revoit [l'incendie de Moscou] dans toute sa violence ; toute cette cité lui parut une vaste trombe de feu… absorbé par cette funeste contemplation, il ne sortit d'un morne et long silence que pour s'écrier : ceci nous présage de grands malheurs, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 7.

    En contemplation de, en vue de ; tournure qui a vieilli. Le père en contemplation de cette alliance, a donné… On lui a donné ce bénéfice en contemplation de son savoir.

  • 2Profonde application de l'esprit à quelque objet, surtout aux objets purement intellectuels. Il naît encore une opération de la liaison que l'attention met entre nos idées, c'est la contemplation : elle consiste à conserver, sans interruption, la perception, le nom ou les circonstances d'un objet qui vient de disparaître, Condillac, Conn. hum. sect. II, ch. 2.

    Habitude d'esprit qui fait rêver et méditer. Le goût de la solitude et de la contemplation naquit dans mon cœur avec les sentiments expansifs et tendres, faits pour être son aliment, Rousseau, Rêver. d'un prom. sol. Prom. 9.

    Dans la vie spirituelle, méditations relevées, qui vont jusqu'à rompre toute communication de l'esprit et du corps avec les choses sensibles. S'élever par ses maux à la plus haute contemplation, Bossuet, Hist. II, 3. Elle était sans y avoir songé de la plus sublime contemplation, Bossuet, Oraison. La prière, la contemplation, le travail de leur petit ménage, et faire des paniers, partagent leur temps [des solitaires de Mortaigne], Saint-Simon, I, 32.

HISTORIQUE

XIIe s. Ne sout [sut] nul la maniere de sun mal, se Deu nun, Que il faiseit al cors, ne de la passiun ; Del tut esteit li bers en contemplatiun, Th. le mart. 101.

XIIIe s. Cil qui par grant devocion, En trop grant contemplacion, Font aparoir en lor pensées Les choses qu'il ont porpensées, la Rose, 18558.

XIVe s. De toutes les operacions qui sont selon vertu, la très plus delettable est speculacion ou contemplacion selon la vertu de sapience, Oresme, Eth. 314.

XVe s. De notre grace, pour amour et contemplation de nos bons sujets, avons ordonné…, Froissart, II, II, 241. Et [le roi] fut grandement à la contemplation et plaisance du peuple, Froissart, II, II, 74.

XVIe s. Passer son temps doulcement en repos et tranquillité à l'estude des lettres, où il y a delectation conjointe avec honneste contemplation, Amyot, Cimon et Lucull. 1. L'estude et la contemplation retirent aulcunement nostre ame hors de nous, Montaigne, I, 68. Ils ont grandement honoré la contemplation, qu'ils ont affermé estre la mere de sagesse, Lanoue, 538. L'un pousse les ames guidées Aux belles contemplations, à l'intellect et aux idées, Purgeant l'esprit de passions, Ronsard, Odes, V, 7. Esveiller et purifier le sens, pour nous rendre plus propres à la contemplation, Montaigne, I, 393.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. contemplatio ; espagn. contemplacion ; ital. contemplazione ; du latin contemplationem, de contemplari, contempler.