« courre », définition dans le dictionnaire Littré

courre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

courre [1]

(kou-r') v. n.

Infinitif ancien du verbe courir.

  • 1Au sens de courir, emploi dans lequel il a vieilli et est aujourd'hui hors d'usage. De ces jeunes guerriers la flotte vagabonde, Allait courre fortune aux orages du monde, Malherbe, I, 4. Quelques-uns faisaient déjà courre le bruit que j'en étais venu à bout, Descartes, Méth. Le cardinal fit courre après, Sévigné, 201. Ce sera à lui à courre et il courra, Sévigné, 294. Pour s'encourager à courre dans la carrière, Bossuet, Pass.

    Activement. Ne m'estimant ni pour entendre l'économie… , ni pour savoir bien courre la poste, Guez de Balzac, liv. II, lett. 4.

  • 2Aujourd'hui, terme de chasse qui se dit des chiens qui poursuivent les bêtes. La duchesse y voulut voir courre des lévriers, Hamilton, Gramm. 10.

    Chasse à courre, chasse qui se fait avec les chiens courants et à cheval.

    Laisser courre les chiens, ou, simplement, laisser courre, découpler les chiens.

    Le laisser-courre, s. m. Le lieu où l'on découple les chiens. Il se trouve au rendez-vous de chasse, il est au laisser-courre, La Bruyère, VII.

    Se dit aussi de l'air de cor quand on découple les chiens. Sonner le laisser-courre.

  • 3 V. a. Poursuivre la bête. Quand il vous plaira, je vous donnerai le divertissement de courre un lièvre, Molière, G. Dand. I, 8. A-t-on jamais parlé de pistolets, bon Dieu ! Pour courre un cerf ? Molière, Fâch. II, 7.

    Fig. Chercher à obtenir. Nous venons, mon enfant, de courre un bénéfice, Regnard, Distrait, II, 1.

  • 4 Terme d'équitation. Courre un cheval, le mener à bride abattue.

REMARQUE

Du temps de Vaugelas, l'usage voulait qu'on dît plutôt courre la poste que courir la poste. Aujourd'hui courre n'est plus que terme de chasse.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et por ce fait il bon courre au devant de tix perix, Beaumanoir, XXI, 12. On doit courre au devant des fraudes et des bares qui sont fetes es marciés, Beaumanoir, XXXIV, 47.

XVe s. Fist prendre ledit huyssier et fut plusieurs jours gardé, à la fin on le laissa courre, Commines, III, 1. Or voyez les choses qui se dressoient pour courre sus au dit duc de Bourgongne, Commines, III, 1.

XVIe s. Je dis au comte qu'il pourroit courre fortune comme les aultres, Montaigne, I, 95. J'ay veu quelqu'un de mes intimes amis courre la mort à force, Montaigne, I, 300. S'il fault courre le hazard d'un chois incertain…, Montaigne, III, 62. Toute la Gaule s'estant eslevée pour luy courre sus, Montaigne, III, 172. Il fault laisser courre la riviere soubs le pont, Montaigne, IV, 44. Je viens de courre d'un fil [parcourir] l'histoire de Tacitus, Montaigne, IV, 58.

ÉTYMOLOGIE

Voy. COURIR.