« dévaler », définition dans le dictionnaire Littré

dévaler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dévaler

(dé-va-lé) v. a.
  • 1Faire descendre quelque chose. Dévaler du charbon à la cave. Un sac que je dévalais à terre avec une corde, Rousseau, Prom. 5.

    Dévaler les degrés, les descendre.

  • 2 V. n. Descendre, aller en bas. Ouvrez de par le roi ; au diable ! un qui dévale ! Régnier, Sat. X. Payen [nom propre], sauvons-nous de ta salle ; Voilà le nuage crevé ; Oh ! comme à grands flots il dévale ; Déjà tout en est abreuvé, St-Amant, Œuvres, 79. Pauvres enfants [Auvergnats] qui dévalent bien tristes de leurs montagnes, Chateaubriand, Clermont, 122.

    Fig. On ne montera point au rang dont je dévale, Corneille, Rodog. II, 2.

  • 3Se dévaler, v. réfl. Être dévalé, descendu. La chenille qui s'est dévalée à l'aide d'un fil de soie extrait de sa filière, remonte assez vite et avec une adresse admirable en saisissant avec ses premières jambes une portion plus élevée du fil qui la tient suspendue, Bonnet, Observ. 6e, Insectes.

REMARQUE

Ce mot, dans le sens propre, est vieilli et populaire ; cependant on peut le rajeunir par un emploi heureux, comme a fait Chateaubriand, ou par un emploi technique comme Bonnet ; mais, dans un sens figuré, comme chez Corneille, il est tout à fait hors d'usage.

HISTORIQUE

XIIe s. Li cops [le coup] devale par delez le blason [bouclier], Ronc. p. 88.

XIIIe s. Peor ot Renart de morir, Si a esté moult effreez, Mes li cox [coq] est jus desvalez, Ren. 2076. Et viellesce, scez où demore ? Dire le te vueil sans demore : Car là te convient-il aler, Se mort ne te fait desvaler Ou tens de jonesce en sa cave, la Rose, 4536. As ciex firent lor habitacles, N'onc puis, se ne fu par miracles, N'oserent çà jus devaler, ib. 5417. Comment Raison, de Dieu aimée, Est jus de sa tour devalée, Qui l'amant chastie et reprent De ce que fol Amour emprent [entreprend], ib. 2978.

XIVe s. Ay sire ! font ilz, par Dieu le roi amant, Nous avons oy gent qui vont en devalant La voie du chastel…, Guesclin. 16557.

XVe s. Et ordonnerent trois batailles sur le devaler de la montagne où ils estoient logés, Froissart, I, I, 41. Il se hasta tant de devaler la montée, qu'il estoit près hors d'haleine comme il vit son pere, Louis XI, Nouv. LI. À l'aide d'une corde qu'elle lui devala, il fit tant, qu'il fut en la chambre, Louis XI, ib. LVII.

XVIe s. Par ycelluy avecques deux mains montoyt, puys devalloyt si roiddement que…, Rabelais, Gar. I, 23. Je me vois semblable à ceux qu'on devale au tombeau, Marot, Ps. 143. Les yeux me troublent à monter devant une grande lumiere comme à devaler à l'ombre, Montaigne, I, 224. Il se devalla la nuict avec des cordes par une petite fenestre estroite le long de la muraille, Amyot, P. Æm. 42. Couvert de sa petite housse, Qui jusqu'au bas luy devalloit, Sat. Mén. p. 216.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et val : aller le long d'un val. Bourguig. devaulai ; provenç. davalar, devalar ; ital. divallare.