« discret », définition dans le dictionnaire Littré

discret

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

discret, ète

(di-skrè, skrè-t') adj.
  • 1 Terme didactique. Séparé, mis à part.

    Terme de mathématique. Quantité discrète, quantité qui se compose de parties séparées. Les nombres sont des quantités discrètes, par opposition à l'étendue qui est une quantité continue.

    Terme de médecine. Variole discrète, variole dont les pustules sont distinctes et séparées les unes des autres, par opposition à variole confluente.

  • 2 Fig. Retenu dans ses paroles et dans ses actions (le discret étant comparé à celui qui se sépare, se met à part). Adieu ; je me retire en confident discret, Corneille, Cinna, III, 2. En sage et discrète personne Maître chat excusait ces jeux, La Fontaine, Fabl. XII, 2. J'étais hardi chez mon père, libre chez M. Lambercier, discret chez mon oncle, Rousseau, Confess. I.

    Père discret, mère discrète, religieux, religieuse qui assiste au conseil du supérieur.

    Vénérable et discrète personne, titre d'honneur qu'on donnait jadis aux prêtres et aux docteurs.

    Par extension, en parlant des choses. Sa conduite a été fort discrète. Cette sincérité sans doute est peu discrète, Racine, Brit. II, 3. L'amour le plus discret Laisse par quelque marque échapper son secret, Racine, Baj. III, 8.

    Style discret, style qui a le caractère de la retenue, et où l'on évite l'ornement et le développement.

  • 3Qui sait garder un secret. C'est une femme discrète. Je ne puis vous dire combien je suis surpris de trouver une chose que j'attendais si peu de vous, et de voir que j'eusse été si peu discret en la première faveur que vous m'aviez faite [en laissant voir à d'autres le cadeau que vous me faisiez], Voiture, Lett. 23. … Veuillez être discret, Et n'allez pas, de grâce, éventer mon secret, Molière, Éc. des f. I, 7.

    Substantivement. Faire le discret, affecter de taire un secret. Matta qui voulait faire le discret, Hamilton, Gramm. 4.

HISTORIQUE

XIIe s. Li poine [la peine] del cors ne puet estre estaule [stable] entre les richesces, ne li obedience senz la poine ne puet mie estre legierement discrete, Saint Bernard, 568.

XIIIe s. Et eskievins doit il estaulir, ki soient citain [citoyens] discret et de bonne opinion, Tailliar, Recueil, p. 509.

XIVe s. Certes, je l'aim autant de bonne amour discrée…, Baud. de Seb. I, 983.

XVe s. Les chroniques rassemblées par venerable homme et discret seigneur monseigneur Jean le Bel, Froissart, Prol. Les gentils hommes de son royaulme luy vindrent dire qu'ilz vouloient avoir ung roy, et que l'aisné de ses filz estoit bien au point d'estre chevalier, et assez homme discret pour gouverner le royaulme, Perceforest, t. IV, f° 145.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. discret ; espagn. et ital. discreto ; du latin discretus, séparé, divisé (d'où reservé, prudent, etc.), participe passé de discernere (voy. DISCERNER).