« délecter », définition dans le dictionnaire Littré

délecter

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

délecter

(dé-lè-kté) v. a.
  • 1Faire pleinement savourer un plaisir. Ils cherchent ce qui les flatte et ce qui les délecte, Bossuet, Par. de Dieu, 1.
  • 2Se délecter, v. réfl. Prendre beaucoup de plaisir à quelque chose. De peur qu'ils ne se délectent dans le péché, Bossuet, Pensées, 9. Heureux ceux qui, retirés humblement dans la maison du Seigneur, se délectent dans la nudité de leurs petites cellules ! Bossuet, Concupisc. 9. L'éléphant se délecte au son des instruments, Buffon, Morceaux choisis, p. 171. Je restai le lendemain toute la matinée chez moi ; je ne m'y ennuyai pas ; je m'y délectai dans le plaisir de me trouver tout à coup un maître de maison, Marivaux, Paysan parv. t. III, 5e part. p. 71, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il r'avoit aillors papegaus, Et mains oisiaus qui par ces gaus Et par ces bois où ils habitent En lor biau chanter se delitent, la Rose, 664. Por ce i mist nature delit, Por ce vuet que l'en s'i delit, ib. 4432. Là verras une grant partie Des secrés de philosophie, Où moult te voldras deliter, Et si porras moult profiter, ib. 7209.

XIVe s. Soy deletter est propre as choses qui ont aine, Oresme, Eth. 19.

XVe s. La flour en may et son odeur delecte Aux odorans, non pas jour et demi ; En un moment vient li vens qui la guette, Cheoir la fait ou la couppe par mi, Deschamps, Profiter de la jeunesse.

XVIe s. Et voulontiers me delecte à lire les beaux dialogues de Platon, Rabelais, Pant. II, 8. De bled en herbe vous faictes belle saulse verte, laquelle vous delecte le goust, Rabelais, ib. III, 2. Un theologien ne doit pas appliquer son estude à delecter les oreilles en jasant, Calvin, Instit. 105. Il ne faut douter que les bien-instruits ne s'y delectent beaucoup plus, Lanoue, 518. Je me delecte de le faire, Lanoue, 554. Il ne s'ensuit pas necessairement, si l'ouvrage delecte, que tousjours l'ouvrier en soit à louer, Amyot, Péricl. 1. Et de croire qu'il y ait des dieux ou demi-dieux qui se delectent de meurtre et d'effusion de sang humain, à l'adventure est-ce une folie, Amyot, Pélop. 38. C'est le plaisir où il se delectoit, Marot, III, 307. Je ne m'enquiers point Qui vous delecte, ou qui vous point, Mais de ce qui doit delecter, Marot, IV, 158.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. delectar, delieitar, delechar, espagn. delectar, deleitar ; ital. dilettare ; du latin delectare, fréquentatif de delicere (voy. DÉLICES).