« dénoncer », définition dans le dictionnaire Littré

dénoncer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dénoncer

(dé-non-sé. Le ç prend une cédille devant a ou o : nous dénonçons, je dénonçai) v. a.
  • 1Déclarer, publier. On vient de dénoncer la guerre. Il envoya un des principaux de sa cour vers les Scythes leur dénoncer qu'ils ne passassent point le Tanaïs, Vaugelas, Q. C. liv. VII, ch. 6. Il lui envoya dénoncer qu'il eût à lui payer le tribut, Vaugelas, ib. liv. VIII, ch. 13.

    Dénoncer la fin de l'armistice, ou, simplement, dénoncer l'armistice, annoncer la reprise des hostilités.

    Dénoncer un traité, faire connaître aux puissances contractantes l'expiration de ce traité, ordinairement sous des conditions stipulées.

    Dénoncer un excommunié, ou dénoncer quelqu'un pour excommunié, déclarer publiquement, selon les formes ecclésiastiques, que quelqu'un est excommunié.

  • 2Faire connaître. Le maître des jeux veut qu'on ne l'envoie [une tragédie] qu'à lui seul, il me dénonce expressément cette volonté despotique, Voltaire, Lett. d'Argental, 19 juillet 1773. Le roi, le roi lui-même à son heure dernière, Dénonca devant moi leur rage meurtrière, Briffaut, Ninus II, I, 1.

    Annoncer avec menace. Il leur dénonce de rigoureux châtiments, Bossuet, Hist. II, 4. Les sages lui dénoncèrent qu'il mettait tout l'État en péril, Bossuet, Reine d'Anglet.

  • 3Déférer à l'autorité, signaler à la justice. Il dénonça deux chevaliers romains, Perrot D'Ablancourt, Tacite, Annales, liv. XI, dans RICHELET. À qui dois-je le bien de m'avoir dénoncé ? Rotrou, St Gen. II, 8. D'où vient que, pour paraître, il [votre zèle] s'avise d'attendre Qu'à poursuivre sa femme il ait su vous surprendre, Et que vous ne songez à l'aller dénoncer Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser ? Molière, Tart. V, 7. Connais-tu le complot que ce billet dénonce ? Delavigne, Vêpr. sicil. III, 5.
  • 4 Terme de jurisprudence. Faire connaître extrajudiciairement quelque chose à quelqu'un. Dénoncer une opposition.
  • 5Se dénoncer, v. réfl. Être déclaré. La guerre se dénonce d'une manière extraordinaire et terrible, Chateaubriand, Amér. 145.

    Se révéler à la justice. Le malheureux se dénonça lui-même.

    Faire des dénonciations les uns contre les autres. Ceux qui avaient pris part au complot se sont tous dénoncés.

HISTORIQUE

XIIe s. Pur treis choses pur vus, que vus voil denuncier, Que od vus parler en ai mult grant desirier, Th. le mart. 78. Sa cause et sun eissil lur aveit denuncié ; Li buens reis Loewis en ad eü pitié, E sil volt retenir par mult grant amistié, ib. 52.

XIIIe s. Frere, fait-il, ge te denonce Que très beneüré morusse, S'onc fame espousée n'eüsse, la Rose, 8790. Note que l'en ne doit pas solement denoncier le pechié de mariage, mes l'empeechement ; et chascun est tenuz au dire, Liv. de just. 200. S'il est denoncié au bailli qu'aucuns face anui à sainte Eglise, il les doit penre et emprisonner, Beaumanoir, 41. Il se doivent tantost trere à le [la] justice et denoncier le fet, Beaumanoir, LIX, 5. Sire, je vous denonce que Jehans a fet tel fet qui apartient à voz à vengier, Beaumanoir, VI, 12.

XIVe s. Il est voir que l'euvre denonce et declare de fait la puissance de celuy qui l'a faite, Oresme, Eth. 275. Les rois jadis denonçoient au peuple ce que il avoient conseillié, et ceux du peuple eslisoient, Oresme, ib. 69. Et de chose qu'on die homme n'irez creant, Jusqu'à tant que celui qui ira murmurant En aura raconté par devers moi autant Comme dit en aura derriere en denonçant, Guesclin. 17905.

XVe s. Le jour qui estoit denoncé, approcha, Froissart, I, I, 57. Et afin que la dite fete fut sçue et connue en toutes marches, le roi d'Angleterre l'envoya publier et denoncer par ses herauts en France, en Escosse…, Froissart, I, I, 213.

XVIe s. Par laquelle [menace] une vengeance particuliere est denoncée sur tous ceux qui auront prins le nom de Dieu en vain, Calvin, Instit. 291. N'entreprenant guerre, qu'aprez l'avoir denoncée, Montaigne, I, 24.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. denunciar ; ital. dinunziare ; du latin denuntiare, de la préposition de, et nuntiare, annoncer (voy. NONCE).