« département », définition dans le dictionnaire Littré

département

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

département

(dé-par-te-man) s. m.
  • 1Action de départir, de partager : ce sens a vieilli. Aussitôt que les nouveaux consuls furent en exercice, la première affaire qu'ils mirent sur le tapis fut le département des provinces, Malherbe, Le XXXIIIe livre de Tite Live, ch. 25. Cela fait, les préteurs firent leurs départements au sort, Malherbe, ib. ch. 26.

    Anciennement, terme de finances. Distribution, assignation qu'on faisait des tailles et autres impositions sur les élections et les paroisses.

    Étendue de pays sur laquelle on avait quelque pouvoir, conformément à la charge ou à la commission qu'on exerçait. Parmi les génies qui président aux empires du monde, Ituriel tient un des premiers rangs, et il a le département de la haute Asie, Voltaire, Babouc.

    Terme en usage parmi les prêtres de l'Oratoire pour désigner la province dont un visiteur devait faire la visite. Le père N. fera cette année le premier département.

    Assignation de logement qu'on faisait à des troupes. Ce régiment a obtenu cette année un bon département pour passer son quartier d'hiver.

  • 2Aujourd'hui, partie de l'administration des affaires d'État dont la connaissance est attribuée à un ministre. Le département de la justice, des cultes. M. le duc abandonna tout le département de l'Église à l'évêque de Fréjus, Voltaire, Louis XV, 3.

    Fig. Je ne prends point, madame, tant de liberté avec M. le duc qu'avec vous ; mais c'est que j'imagine que vous avez un peu plus de temps que lui, quoique vous n'en ayez guère, et que votre département de faire du bien vous occupe beaucoup, Voltaire, Lett. Mme de Choiseul, 2 sept. 1770.

    Familièrement. Cela est ou n'est pas de son département, dans son département, cela ne le regarde pas, n'est pas de sa compétence.

  • 3Chacune des quatre-vingt-six, et, actuellement, depuis la réunion de la Savoie et du comté de Nice, des quatre-vingt-neuf grandes divisions administratives du territoire français. Les départements furent substitués aux provinces en 1790. Chaque département est administré par un préfet.

    La province, par opposition à Paris. Le bruit en a couru dans Paris et dans les départements. Il faut être un peu de son département pour croire qu'il s'agit du roi, lorsqu'on crie : Vengez le roi, Courier, I, 24.

  • 4 Terme d'architecture. La première partie du devis, qui consiste dans l'ordonnance des parties dont un édifice doit être composé.
  • 5Département s'est dit autrefois pour appartement, logis. Le plus haut étage est le département ordinaire des domestiques. Ils demeuraient autour du temple du Seigneur chacun dans leur département, afin que, quand l'heure était venue, ils en ouvrissent eux-mêmes les portes dès le matin, Sacy, Bible, Paralip. I, IX, 27.

HISTORIQUE

XIIIe s. Departemenz est diz de la diversité à ceus qui sont assemblez par mariage, ou por ce que cil qui despiecent leur mariage s'en vont en diverses parties, Digeste, f° 272. Car les bons sans departement Aront joieuse vision, Et les maulvais confusion Qui durra pardurablement, J. de Meung, Tr. 69.

XIVe s. Departement [limite] de deux terres ou de deux païs, Du Cange, bifinium.

XVe s. Et après le departement du roi de France et de son ost du Mont de Sangaltes, Froissart, I, I, 320. Et girent à l'ancre cette premiere marée devant les digues de Hollande sur le departement de la terre, Froissart, I, I, 18. Par vous soit doncques honnourée, Et servie soingneusement ; Tant comme vous aurez durée Sans point faire departement, Orléans, Bal. 34.

XVIe s. J'ay esté conseillé de donner à chacun des quatre mareschaux de France ung departement de toutes les provinces… leur departant la France en quatre…, Carloix, X, 1. De maniere qu'ilz l'eussent à dextre vers le levant, qui on departement leur estoyt à senestre, Rabelais, Pant. IV, 1. Quand Florinde se trouva seule après le departement de son serviteur, Marguerite de Navarre, Nouv. 10. À peine est il nulle communauté si chestive, qui n'aye en soy des hommes assez pour fournir commodement à chascun de ses offices, pourveu que le despartement et le triage s'en peust justement faire, Montaigne, Lettres, 4.

ÉTYMOLOGIE

Voy. DÉPARTIR ; Berry, département, action de départir ; provenç. departiment, departement ; anc. espagn. despartimiento ; ital. dipartimento. Outre le sens de partage, circonscription, departement, dans l'ancien français, a aussi le sens de action de partir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉPARTEMENT.
1Ajoutez : Ayant fait déclarer par le roi qu'il [le cardinal de Richelieu] réduisait ses prétentions pour le droit d'amortissement à trois millions six cent mille livres, il fallut travailler à en faire le département, Montchal, Mémoires, t. I, p. 62.