« dépiter », définition dans le dictionnaire Littré

dépiter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dépiter

(dé-pi-té) v. a.
  • 1Causer du dépit à quelqu'un. Rien ne nous dépite davantage que de voir…, Pascal, Imag. 1.
  • 2Se dépiter, v. réfl. Concevoir du dépit. Contre sa fureur ma raison se dépite, Régnier, Sat. X. Un croquis informe sort de dessous sa main [de l'élève] ; il se dépite, Chateaubriand, Dessin, 273.

    Familièrement. Se dépiter contre son ventre, se priver de manger par dépit ou humeur ; et fig. refuser par dépit ce qu'on désire au fond.

REMARQUE

Dans le commencement du XVIIe siècle on donnait à dépiter le sens de braver, outrager, accuser. Où la troupe maudite Son seigneur attaché par outrage dépite, Malherbe, I, 4. Ah ! j'en rougis de honte et dépite mon âge…, Régnier, Élég. 4. Je semble dépiter… l'infortune, Régnier, Sat. VII.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et quant Mahommet se fu mis en la seigneurie du peuple, si despita son oncle et l'esloigna de li, Joinville, 260.

XVIe s. Ô que vous jourez bien ! je despite la dyablerie de Saulmur, de Doué, voyre, par Dieu, de Poictiers, en cas que ils puissent estre à vous parragonnez, Rabelais, Pant. IV, 13. Oudart renioyt et despitoyt les nopces, Rabelais, ib. IV, 15. J'ai un mari qui me fuit, qui me hait et me despite plus qu'une chambriere, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Quand il s'en va, son aller nous despite [chagrine], Marot, III, 20. Cette poictrine que, despitée, tu bats si cruellement, Montaigne, I, 22. Je me suis souvent despité de veoir ez comedies italiennes tousjours un pedante pour badin, Montaigne, I, 138. Despité contre sa besogne, Montaigne, I, 254. Si je traduis, ma plume s'en despite D'estre asservie à tourner un ouvrage, Qui n'est pas mien, en un autre langage, La Boétie, 481. Son ambition faisoit qu'il se despitoit, courrouçoit et douloit quand il se sentoit mespriser, Amyot, Alc. et Cor. comp. 8. Vitri en sortant du mesme conseil, en jurant et despitant la causerie : il vaut bien mieux, dit-il, servir le brave Huguenot, D'Aubigné, Hist. III, 293.

ÉTYMOLOGIE

Norm. et Berry, dépiter, défier, braver ; provenç. despechar, despeytar ; catal. despitar ; espagn. despechar ; ital. dispettare ; du latin despectare, de la préposition de, et spectare, regarder (voy. SPECTACLE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉPITER. - REM. Ajoutez :

2. Au sens de défier, indiqué dans la remarque 1, dépiter prenait de avec l'infinitif. Cloriste dépite De les ravoir jamais, Corneille, Lexique, éd. Marty-Laveaux.