« estomac », définition dans le dictionnaire Littré

estomac

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

estomac

(è-sto-ma ; le c ne se fait jamais sentir ; cependant quelques-uns prononcent le c devant une voyelle, et Chifflet, Gramm. p. 208, en fait un précepte : un è-sto-ma-k affamé ; au pluriel, l's se lie : des è-sto-ma-z affamés ; estomacs rime avec tas, lacs, appâts, etc.) s. m.
  • 1Viscère où s'opère la digestion des aliments. Se remplir l'estomac. Les ruminants ont plusieurs estomacs. Plus l'estomac est bon, plus les membres profitent ; Quand il a de la force, ils sont forts, agissants ; Et quand il est débile, ils sont tous languissants, Boursault, Fabl. d'Ésope, II, 5. Ne crains pas, mon cher enfant, que l'abondance de l'eau affaiblisse ou refroidisse ton estomac, Lesage, Gil Blas. Car de tous mets sucrés, secs, en pâte ou liquides, Les estomacs dévots furent toujours avides, Boileau, Sat. x. Ce ne fut que par un poids de 437 livres qu'il parvint à produire dans les tubes des effets semblables à ceux de l'estomac de l'oiseau, Bonnet, Contempl. nat. Œuvres, t. VIII, p. 13, note 2.

    Avoir l'estomac creux, vide, n'avoir pas mangé.

    Il a deux estomacs, plusieurs estomacs, se dit d'un gros mangeur.

    Très populairement. Avoir ou sentir son estomac dans ses talons, avoir très grand'faim.

    Familièrement. Il a un estomac d'autruche, c'est un estomac d'autruche, se dit d'un homme qui mange beaucoup, sans en être incommodé, parce que c'est une vieille croyance que les autruches digèrent les pierres. Il se dit aussi d'un homme qui digère très vite ; et dans ce sens on dit encore il a l'estomac chaud.

  • 2La partie du corps qui répond à l'estomac, la poitrine. Le creux de l'estomac. Recevoir un coup dans l'estomac. Je vais lui présenter mon estomac ouvert, Corneille, Cid, v, 1. D'une profonde plaie en l'estomac ouverte, Corneille, Rodog. v, 4. Le général Hord et le général Dardoff montrèrent au roi leurs estomacs couverts de blessures reçues à son service, et, l'assurant qu'ils étaient prêts à mourir pour lui, ils le supplièrent que ce fût au moins dans une occasion plus nécessaire [qu'à Bender], Voltaire, Charles XII, 6.

    Se dit populairement du sein d'une femme. Elle a de l'estomac.

  • 3L'estomac d'une volaille ou d'une perdrix, ce qui reste quand les cuisses et les ailes ont été détachées.
  • 4Morceau de fer qui fortifie le devant de l'enclume.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil ki ont l'estomach foible et ki vomissent legierement, Alebrand, f° 13.

XVe s. Respons, et sauve de propre estomac ce que de propre estomac tu as mis avant, Chastelain, Expos. sur la vér. mal prise.

XVIe s. Par le poulain on descend le vin en cave, par le jambon en l'estomach, Rabelais, Garg. I, 5. Quand je voy Barbe en habit bien duisant, Qui l'estomac blanc et poly descoeuvre…, Marot, III, 126. Là il fut receu d'une sentinelle perdue, qui, sans parler, lui planta une harquebusade dans l'estomac de sa cuirasse, D'Aubigné, Hist. II, 380. Je luy ay appris à relever sa ceinture à la fosse de l'estomac, comme le petit Auger barbier de Paris, D'Aubigné, Conf. II, 1. Ledit ventricule a deux orifices, à sçavoir un superieur nommé l'estomach et vulgairement cœur ; et l'autre inferieur nommé pylore, Paré, I, 14. Chacun n'a pas les muses en partage, Et leur fureur tout estomac ne poind, Ronsard, 397. Quiconque a l'estomach plein peult bien jeusner, Genin, Récréat. t. II, p. 248. Entre la bouche et l'estomach souvent y a guerre, ID. ib. t. II, p. 238.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, stoumak ; Berry, estouma, stouma ; provenç. estomach ; espagn. estomago ; ital. stomaco ; du latin stomachus, du grec στόμαχος, qui signifie gorge, pharynx, de στόμα, bouche : qui tient à la bouche. C'est dans le latin que, de pharynx, stomachus a glissé au sens de gaster.