« exil », définition dans le dictionnaire Littré

exil

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

exil

(è-gzil) s. m.
  • 1Expulsion hors de la patrie. Le bannissement est infamant et l'exil ne l'est pas. Suivre en tous lieux, seigneur, l'exil de votre femme, Corneille, Sertor. III, 4. L'exil des Tarquins même ensanglanta nos terres ; Et nos premiers consuls nous ont coûté des guerres, Corneille, Cinna, II, 1. Qui tous deux de l'exil rappelés par moi-même, Racine, Brit. III, 3. L'exil me délivra des plus séditieux, Racine, ib. IV, 2. Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ? Racine, Phèd. IV, 2. La cour fut inexorable sous Tibère comme auparavant ; il [Ovide] mourut dans son exil la quatrième année du règne de cet empereur, âgé d'environ soixante ans, Rollin, Hist. anc. XXV, I, 2, 2. L'exil est un supplice d'autant plus rigoureux pour un Athénien, qu'il ne retrouve nulle part les agréments de sa patrie, Barthélemy, Anach. ch. 19. L'exil est quelquefois, pour les caractères vifs et sensibles, un supplice beaucoup plus cruel que la mort, Staël, Corinne, XIV, 3.

    Exil volontaire, action de quitter volontairement le pays où l'on est accoutumé de vivre. Je m'impose à moi-même un exil volontaire, Rotrou, Vencesl. II, 2.

  • 2 Par extension, tout séjour hors du lieu où l'on voudrait être. La ville où nous sommes est pour nous un lieu d'exil. Vivre loin de vous est un exil pour moi. Salut, champs que j'aimais et vous douce verdure, Et vous, riant exil des bois, Gilbert, Adieux à la vie.

    Dans le langage mystique. La terre est un lieu d'exil. Qu'il est difficile de regarder comme un exil une terre de délices ! Massillon, Car. Dang. des prosp. Et n'accuse point l'heure Qui te ramène à Dieu ! Soit qu'il naisse ou qu'il meure, Il faut que l'homme pleure Ou l'exil ou l'adieu, Lamartine, Harm. IV, 5.

HISTORIQUE

XIe s. Qui tei a mort, France a mis en exill, Ch. de Rol. CCVII.

XIIe s. C'est la chose pur quei m'estuet [il me faut] essil suffrir, Th. le mart. 57. … Si erent mis En eixil fors [hors] de lur païs, Benoit de Sainte-Maure, I, 557. …E l'eissil [ravage] et la rapine Que fait la gent ultremarine, Benoit de Sainte-Maure, dans RAYNOUARD, Lexiq.

XIIIe s. Que, quant plus tost definera, Plus tost en paradis ira, Quant il lerra [laissera] l'essil present, la Rose, 5040. Tex maniere d'usages c'est essil [dégât], et nus essius [dégât] ne doit estre soufers, Beaumanoir, XXIV, 7.

XIVe s. Il s'enfuirent en une ville, pour illecques demourer en exil, Bercheure, f° 21, verso.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. essil, ravage, destruction ; du latin exilium, dont l'étymologie est douteuse, à cause de la forme parallèle exsul, exsulare ; on a indiqué exsilire, qui n'explique point exsulare ; quant à exsulare, on a proposé ex solo, hors du sol, ou, en prenant en considération con-sul, in-sula, un thème sul qui serait voisin de solium, siége. Dans l'ancienne langue, exil avait le sens de ravage, destruction plus souvent que celui de bannissement. Palsgrave, p. 60, dit (au XVIe siècle) qu'on prononçait euzil.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXIL. Ajoutez :

XVe s. Rigueur le transmit en exil Et luy frappa au cul la pelle, Nonobstant qu'il dist : j'en appelle, Villon, dans Romania, avril 1873, p. 216.