« exécuteur », définition dans le dictionnaire Littré

exécuteur

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exécuteur, trice

(è-gzé-ku-teur, tri-s') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui exécute. L'exécuteur de l'entreprise. D'un ordre exprès encor j'étais l'exécuteur, Rotrou, Bélis. I, 2. Le prince est exécuteur de la loi de Dieu, Bossuet, Polit. VII, III, 13. La vue des démons exécuteurs de l'arrêt de Dieu ne fera tout au plus sur eux qu'une légère impression, Bourdaloue, Myst. Passion de J. C. t. I, p. 240, dans POUGENS. Voyez quelle peut être la situation d'un citoyen dans ces républiques [d'Italie] : le même corps de magistrature a, comme exécuteur des lois, toute la puissance qu'il s'est donnée comme législateur, Montesquieu, Esp. XI, 6.

    Adj. Puissance exécutrice, voy. EXÉCUTIF. Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté… il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice, Montesquieu, Esp. XI, 6. On dit plutôt aujourd'hui pouvoir exécutif, puissance exécutive ; mais exécutif est un néologisme du XVIIIe siècle, et Montesquieu s'est servi du mot existant.

  • 2Exécuteur, exécutrice testamentaire, celui, celle que le testateur a chargé d'exécuter ses dispositions testamentaires. Aristote fit un testament dont Antipater fut l'exécuteur, Fénelon, Aristote.
  • 3L'exécuteur de la haute justice, ou, comme on dit aujourd'hui, l'exécuteur des hautes œuvres, ou, absolument, l'exécuteur, le bourreau. Et lors l'exécuteur, la voyant ainsi prête, D'un prompt éclair d'acier lui fit voler la tête, Tristan, Mariane, V, 2. Comme on le [Agis, roi de Sparte] menait au lieu où il devait être étranglé, il vit un des exécuteurs qui pleurait et qui était touché de son infortune, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VII, p. 546, dans POUGENS.

    Par extension. Qu'est-ce qu'une armée selon cette idée ? c'est une troupe d'exécuteurs de la justice de Dieu qu'il envoie pour faire mourir des gens qui ont mérité la mort et qu'il a condamnés à ce supplice, Nicole, Ess. de mor. 2e traité, ch. 2.

HISTORIQUE

XIIIe s. Enten que les letres doivent estre montrées à l'essecutor, Liv. de Just. 20. Ou il le demande comme execuiteres par le [la] reson de testament, Beaumanoir, VI, 4.

XIVe s. Ilz estoient executeurs des punicions, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Ne tentez Dieu ne son executeresse fortune, De la Marche, Mém. liv. I, p. 291, dans LACURNE.

XVIe s. Et adonc commanda à l'executeur qu'il luy tranchast la teste, Amyot, Caton, 34. Nos courtisans, juges de tout, executeurs de rien, D'Aubigné, Hist. I, 488.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. executor, execudor ; espagn. ejecutor ; ital. esecutore, eseguitore ; du lat. exsecutorem (voy. EXÉCUTER). Dans l'ancien français, executor est le régime venant de l'accusatif latin exsecutórem avec l'accent sur  ; mais execuiteres est un nominatif venant d'un autre mot, le latin fictif executator.