« havre », définition dans le dictionnaire Littré

havre

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havre

(ha-vr') s. m.
  • 1Anciennement, port de mer quelconque. Employant ce Typhis [pilote], Syrtes et Cyanées Seront havres pour toi, Malherbe, II, 12. Et, comme un marinier échappé de l'orage, Du havre sûrement contempler le naufrage, Régnier, Épître II. Maldonado, qui faisait tout son espoir, est maintenant reconnu pour un des plus mauvais havres qu'il y ait au monde, Raynal, Hist. phil. VIII, 10.

    Par extension. De petits écureuils noirs, après avoir dépouillé les noyers du voisinage, se sont résolus à chercher fortune et à s'embarquer pour une autre forêt ; aussitôt, élevant leurs queues et déployant au vent cette voile de soie, la race hardie tente fièrement l'inconstance des ondes ; la tempête se lève, la flotte va périr, elle essaye de gagner le havre prochain, Chateaubriand, Génie, I, V, 9.

    Fig. Mais n'est-ce pas la loi des fortunes humaines, Qu'elles n'ont point de havre à l'abri de tout vent ? Malherbe, VI, 10.

    Havre d'entrée ou havre de toutes marées, port où il y a de l'eau suffisamment pour entrer en tout temps.

    Havre de barre ou de marée, port où l'on ne peut entrer qu'avec la haute mer.

  • 2Aujourd'hui, havre ne se dit que de certains ports qui sont à sec à marée basse. Les baies, les ports et les havres, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor terr. Œuvres, t. II, p. 199.

HISTORIQUE

XIIe s. Souz Alexandre [Alexandrie], à un havre mout lé [large], Ronc. p. 118.

XIIIe s. Al havene vint, nef i trova, Lai de Melion.

XIVe s. Et grans nefs profondes et larges, Plus de cinq cents dedans le hable, Guiart, dans DU CANGE, haula.

XVe s. Quand [les Anglois] se departirent des havres d'Angleterre, Froissart, II, II, 27. Mais que demandes-tu ? tu quiers chemin à toy perdre, à l'exemple de moy, et veulx saillir du havre de seureté pour toy noyer dedans la mer, Chartier, le Curial.

XVIe s. Il n'est gallere, encor que le grant dyable En fust patron, s'elle approchoit mon hable, Qu'on ne la mist par esclatz comme ung verre [c'est la ville de Gênes qui parle], Marot, J. V, 46.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. haula ; portug. abra ; du germanique : anc. scand. höfn ; anglo-sax. häfen ; dan. hafn ; allem. Hafen ; angl. haven. Comparez le bas-breton et le kimry, aber, port.