« immortalité », définition dans le dictionnaire Littré

immortalité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

immortalité

(i-mmor-ta-li-té) s. f.
  • 1Qualité, état de ce qui est immortel. Tu sais par quels travaux J'ai [moi, Hercule] acquis l'immortalité, Fénelon, Tél. X. Quand l'immortalité de l'âme ne serait que douteuse, au lieu qu'elle paraît assurée, tout homme de bon sens doit trouver certainement que cela vaut bien la peine d'en courir le risque, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 435, dans POUGENS. Le dogme consolant de l'immortalité, Delille, Convers. Prologue. Hélas! dans le séjour de l'immortalité, De haine et de vengeance on n'est point tourmenté, Chénier M. J. Gracques, II, 4. … Comme un juste mourant et fier de son supplice Espère dans la mort et croit à ta justice ; Comme la vertu croit à l'immortalité, Comme l'œil croit au jour, l'âme à la vérité, Lamartine, Harm. I, 5. On dirait que son œil [de l'homme mourant] qu'éclaire l'espérance Voit l'immortalité luire sur l'autre bord ; Au delà du tombeau sa vertu le devance, Et, certain du réveil, le jour baisse, il s'endort, Lamartine, Harm. II, 10. Témoin de ta puissance [ô Dieu] et sûr de ta bonté, J'attends le jour sans fin de l'immortalité, La mort m'entoure en vain de ses voiles funèbres ; Ma raison voit le jour à travers ses ténèbres, Lamartine, Médit. I, 16.
  • 2Durée perpétuelle dans le souvenir des hommes. Peu, même des grands cœurs, tireraient vanité D'aller par ce chemin à l'immortalité, Corneille, Hor. II, 3. Cette immortalité que donne un beau trépas, Corneille, Poly. II, 2. Ne croyez point, ma fille, que son souvenir [de M. de Turenne] fût fini ici quand votre lettre est arrivée ; ce fleuve qui entraîne tout n'entraîne pas si tôt une telle mémoire ; elle est consacrée à l'immortalité, Sévigné, 206. Pleurez sur ces faibles restes de la vie humaine [le tombeau et ses honneurs], pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros, Bossuet, Louis de Bourbon. Vous vous flattez peut-être en votre vanité D'aller comme un Horace à l'immortalité, Boileau, Sat. IX. Je vois revivre le siècle d'Auguste et les temps les plus polis et les plus cultivés de la Grèce ; il fallait que tout fût marqué au coin de l'immortalité sous le règne de Louis…, Massillon, Louis le Grand. Il n'est point de prince ni de grand, malgré la bassesse et le déréglement de ses mœurs et de ses penchants, à qui de vaines adulations ne promettent la gloire et l'immortalité, Massillon, Petit car. Gloire. M. Tschirnhaus ne l'était pas [ambitieux], il n'aspirait point par ses veilles à cette immortalité qui nous touche tant et nous appartient si peu, Fontenelle, Tschirnhaus. Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère, Et depuis trois mille ans Homère respecté Est jeune encor de gloire et d'immortalité, Chénier M. J. Épître à Voltaire. Cette insatiable passion de la gloire, cet instinct puissant qui pousse l'homme à la mort pour chercher l'immortalité, Ségur, Hist. de Nap. IX, 8.

    Il se dit aussi en mauvaise part. [Des calomniateurs] Au défaut du carcan qu'ils ont trop mérité, Subiront dans mes vers leur immortalité, Chénier M. J. Sur la calomnie.

  • 3 Terme de blason. Immortalité, phénix sur son bûcher.

HISTORIQUE

XIIIe s. C'est Dex ki tout a en ballie [en son pouvoir], Ki sire est d'immortalité, Ki por nous prist humanité, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 41.

XIVe s. Le desir qu'il avoient à Romulus leur roy, oÿe et fete foi de son immortalité, fut assez attemprez, Bercheure, f° IV.

ÉTYMOLOGIE

Lat. immortalitatem, de immortalis, immortel.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

IMMORTALITÉ. - HIST. Ajoutez :

XIIe s. La immortalité de l'espir [l'homme] at avoc l'angele, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 196.