« inouï », définition dans le dictionnaire Littré

inouï

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

inouï, ïe

(i-nou-i, ie) adj.
  • 1Qu'on n'a pas ouï. Cette façon de parler est sans doute de quelque province de France ; car elle est inouïe à la cour, et même il ne me souvient pas de l'avoir ouï dire dans les villes, Vaugelas, Rem. t. II, p. 663, dans POUGENS.
  • 2Dont on n'a jamais ouï parler. Que, lorsqu'il n'y avait point d'exemple de quelque chose, il en fallait faire ; que ce qui était inouï ne le serait plus quand il serait fait, Guez de Balzac, De la cour, 7e disc. Il est beau de tenter des choses inouïes, Corneille, Sertor. IV, 2. Et qui croira qu'un cœur si grand en apparence… Trame une perfidie inouïe à la cour ? Racine, Brit. III, 6. Le prix est sans doute inouï, Jamais d'un tel honneur un sujet n'a joui, Racine, Esth. II, c. Est-ce donc un prodige inouï parmi nous ? Racine, Phèdre, IV, 6. Les grands et le peuple lui rendent des honneurs jusque-là inouïs, Massillon, Carême, Pécheresse. Ah ! quels noms inouïs lui donnez-vous, seigneur ! Voltaire, Fanat. I, 2. Le czar, se réservant pour tous domestiques un valet de chambre, un homme de livrée et un nain, se confondait dans la foule ; c'était une chose inouïe dans l'histoire du monde, qu'un roi de vingt-cinq ans qui abandonnait ses royaumes pour mieux régner, Voltaire, Russie, I, 9. L'appareil inouï pour ces mortels nouveaux De nos châteaux ailés qui volaient sur les eaux, Voltaire, Alz. I, 1.

    Inouï à. Que faudra-t-il croire de cet amas de dogmes inouïs aux schismatiques même les plus audacieux ? Fénelon, t. II, p. 93.

    Il est inouï que…, avec le subjonctif. Il n'est pas inouï qu'une femme se change, Rotrou, Bélis. II, 5. Il est inouï qu'on se permette d'ouvrir les lettres de quelqu'un, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 15.

    On dit de même : il est inouï de. Songe qu'il est inouï de se coucher à dix heures à Paris ; il faudra donc renoncer à toute société, Genlis, Adèle et Théod. t. III, p. 48, dans POUGENS.

  • 3Si extraordinaire, que jusque-là on n'avait ouï parler de rien de semblable. Les saints martyrs de Lyon et de Vienne endurèrent des supplices inouïs, Bossuet, Hist. I, 10. Les infortunes inouïes d'une si grande reine, Bossuet, Reine d'Anglet. La promptitude inouïe avec laquelle se fit ce grand changement est un miracle visible, Bossuet, Hist. II, 7. Ah ! sentence ! ah, rigueur inouïe ! Racine, Iphig. V, 1. Fortune dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Rousseau J.-B. Ode à la Fortune. La jalousie entre ces deux chefs et l'absence du czar furent en partie cause de la défaite inouïe de Nerva, Voltaire, Russie, I, 11. Ce crime est trop indigne, il est trop inouï, Voltaire, Tancr. II, 6.

HISTORIQUE

XVIe s. Si ce petit livret des merveilles inouyes est de lui [Aristote], Montaigne, I, 233. Tant de cruautez inouies, Montaigne, III, 109.

ÉTYMOLOGIE

In… 1, et ouï. On a dit parfois, dans le XVIe siècle, inaudite, qui est le latin inauditus.