« instance », définition dans le dictionnaire Littré

instance

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instance

(in-stan-s') s. f.
  • 1Soin extrême, pressant. Et notre plus grand soin, notre première instance Doit être à le nourrir [l'esprit] du suc de la science, Molière, F. sav. II, 7.
  • 2Sollicitation pressante. Demander avec instance. Et son amour même m'a fait instance De presser les moments d'une telle alliance, Molière, F. sav. II, 3. On ne sait pas faire instance pour obtenir la délivrance des passions, Massillon, Carême, Prière 1.

    Instances, au pluriel, en ce sens, est présentement plus usité que le singulier. Faire de vives instances. Ses instances furent pressantes. Peut-être que la personne infortunée qui corrompit la première votre innocence crie actuellement dans le lieu de son supplice [enfer], et fait des instances de rage auprès de son juge pour qu'il lui soit permis de venir vous montrer ce spectre affreux qui alluma autrefois dans votre âme encore pudique des désirs impurs, Massillon, Carême, Riche.

  • 3Nom qu'on donne à tout procès où il y a demande et défense. L'instance était pendante à tel tribunal. Former une instance. L'instance est périmée. Reprise d'instance. Je me la suis fait adjuger pour les frais d'une instance que j'ai eu l'esprit de faire durer dix-sept ans, et le fond du procès n'est pas jugé encore, Dancourt, Vacances, sc. 3.

    Terme de pratique. Instance par défaut, celle qui se poursuit lorsque le défendeur ne se présente pas.

    Première instance, poursuite d'une action devant le premier juge. Il perdit son procès en première instance.

    Tribunal de première instance, tribunal inférieur qui connaît de toutes les contestations en matière civile, à partir d'une certaine somme. Avoué près le tribunal de première instance.

    On dit de même : juge de première instance.

    Terme d'ancienne jurisprudence. Instances sommaires, procès qui s'instruisaient par écrit dans l'espace de six jours, en conséquence d'une requête présentée à la cour.

  • 4 Terme de l'école. Argument nouveau qui a pour objet de détruire la réponse faite au premier. Voilà une bonne instance. Que répondez-vous à cette instance ? Les instances de Gassendi contre les Méditations de Descartes. Comme a fort bien répondu Sénèque à cette sorte d'instance [adressée à Épicure], La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Épicure.
  • 5Cas, fois (acception qui a vieilli). Mon cheval tombe sur moi par deux instances, Chaulieu, Lett. inéd. p. 95 (édit. de 1850).

HISTORIQUE

XIVe s. Et Tarquinius ha mis grant instance que les comices fussent hastez, Bercheure, f° 19, recto. S'il enchauçoit [poursuivait] les anemis par trop grant instance, Bercheure, f° 50, recto. À instance de partie, Ordonn. des rois, t. VII, p. 545.

XVe s. Ceux qui tenoient les frontieres à l'instance du jeune roi d'Angleterre n'en estoient mie resjouis, Froissart, II, II, 4. Si assembloit le duc d'Anjou de tous lez [côtés], en instance de ce voyage, si grand avoir que merveilles, Froissart, II, II, 129. À ceste propre instance qu'ils donnerent sus nous, donna le comte de Gaiazze sus l'avant garde, Commines, VIII, 6.

XVIe s. De present estoyt le dict roy en la roche Clermauld, et là, en grande instance, se remparoyt luy et ses gens, Rabelais, Garg. I, 78. À nostre instance, le vieil Macrobe monstra ce que estoyt spectacle et insigne en l'isle, Rabelais, Pant. IV, 25. Erreurs desquelles on debvroit, à toute instance, combattre la naissance et le progrez, Montaigne, I, 37. Elle sollicita son mary avecques extreme instance de…, Montaigne, I, 252. L'instance encommencée, ils se sont portez pour appelans en la court de parlement, Marguerite de Navarre, Lett. 159.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. instancia, instanssa ; ital. istanza ; du lat. instantia, de instans, instant.