« intime », définition dans le dictionnaire Littré

intime

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

intime

(in-ti-m') adj.
  • 1Qui est le plus au dedans et le plus essentiel. Nous ne pénétrerons jamais dans la structure intime des choses, Buffon, Hist. nat. ch. II, Œuv. t. III, p. 32. Les causes premières et la nature intime des choses nous seront éternellement inconnues, Laplace, Expos. I, 2.

    Terme de physique et de chimie. Qui pénètre, agit dans l'intérieur des corps et dans leurs molécules. La connexion intime de toutes les parties. Les mélanges moins intimes, formés par les transports subséquents des eaux, Buffon, Min. t. II, p. 120. Cette union de l'air avec le mercure n'est que superficielle ; et, quoique celle du soufre avec le mercure dans le cinabre ne soit pas bien intime, cependant elle est beaucoup plus forte et plus profonde, Buffon, Min. t. V, p. 321.

  • 2 Fig. Qui existe au fond de l'âme. Persuasion intime. Le sentiment intime de la conscience, ou, simplement, le sens intime. Prenant à votre personne et à vos intérêts une part aussi intime que celle que j'y prends, Sévigné, 8 nov. 1680. Dieu le voit [l'acte] dans le fond le plus intime du cœur, Bossuet, Ét. d'orais. V, 24. Ses sentiments les plus intimes et ses intérêts les plus chers, Marmontel, Mém. VII.
  • 3 Fig. Qui est très étroit et très cher, en parlant d'amitié, d'attachement, de confiance réciproque. Union intime. Avoir des relations intimes avec quelqu'un. Le bonheur n'était pour elle que dans la paix, l'indépendance et dans le charme d'une société intime, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 12, dans POUGENS.
  • 4Qui a et pour qui l'on a une affection très forte. Ils sont très intimes. Il est depuis longtemps de mes plus intimes amis, Molière, Sicil. 10. Et, comme son ami intime, il m'envoie à sa place, Molière, Mal. im. II, 3. Il trouvera à Paris des soupers, des plaisanteries, des amis intimes d'un quart d'heure, des espérances trompeuses et du temps perdu, Voltaire, Lett. Tressan, 4 août 1777.

    Substantivement. Ami très cher. Un de nos deux amis sort du lit en alarme, Il court chez son intime, éveille les valets, La Fontaine, Fabl. VIII, 11. Non, non : c'est mon intime, et sa gloire est la mienne, Molière, Éc. des f. V, 7.

  • 5 S. m. Ce qu'il y a de plus profond dans une chose. Dans l'intime de la volonté de Dieu, Pascal, dans COUSIN. Taisez-vous, pensées humaines ; homme, viens te recueillir dans l'intime de ton intime, Bossuet, Élévat. sur myst. XII, 16.

REMARQUE

Intime, à la rigueur, n'admet ni plus ni moins ; car il est le superlatif d'intérieur. Cependant, on perd souvent de vue ce caractère de superlatif, et alors on donne à intime des degrés de comparaison ; voy. les exemples ci-dessus.

HISTORIQUE

XVIe s. …Bons dieux, quelle douceur, Quel intime plaisir sent-on autour du cœur, Quand on lit sa Delos, ou quand sa lyre sonne, Ronsard, 834. Durant ce procès, le roy de Navarre fut adverti par un intime du duc de Guise qu'on le vouloit serrer, D'Aubigné, Hist. I, 102. Son intime affection au service de l'honneur du roy, Carloix, IX, 31.

ÉTYMOLOGIE

Lat. intimus, superlatif de forme archaïque de intus, en dedans. Intus est formé de in, dans, avec le suffixe tus, lequel a un sens locatif, comme subtus, coelitus ; sanscrit, tas.