« lambris », définition dans le dictionnaire Littré

lambris

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lambris

(lan-brî ; l's se lie : un lan-bri-z enrichi de sculptures) s. m.
  • 1Revêtement de menuiserie, de marbre, de stuc, etc. sur les murailles d'une salle, d'une chambre, etc. Les panneaux d'un lambris. Ce lambris est de marbre de diverses couleurs. Lambris de stuc. Le chaume devient or, tout brille en ce pourpris ; Tous ces événements sont peints sur le lambris, La Fontaine, Phil. et B. Elle [Mme de Montespan] avait des cochons et des chèvres dans des lambris peints et dorés, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 24 janv. 1718. Sous ces lambris fumants ces femmes écrasées, Voltaire, Mérope, I, 1. Et mon œil voit partout leurs attentats écrits Sur l'or ensanglanté qui couvre ces lambris, Chénier M. J. Charles IX, IV, 1.

    Fig. Voilà en partie les causes de notre pauvreté [nous Français] ; nous la cachons sous des lambris vernis et par l'artifice des marchandes de modes ; nous sommes pauvres avec goût, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, préambule.

    Lorsque les murs sont revêtus de lambris depuis le haut jusqu'en bas, c'est un lambris de revêtement. Si le lambris n'a qu'environ trois pieds de hauteur, c'est un lambris d'appui.

    Lambris feint, lambris de couleur fait par compartiment, qui imite un véritable lambris.

  • 2Il se dit aussi d'un enduit de plâtre fait au dedans d'un grenier, d'un galetas, sur des lattes jointives clouées aux chevrons.
  • 3Il se dit encore de ce que les latins nommaient lacunar, la menuiserie ou la maçonnerie qui est au-dessus de la tête dans un appartement.

    On dit dans le même sens : lambris de plafond.

  • 4 Par extension et dans le style relevé et poétique. La décoration intérieure d'une maison vaste et magnifique. Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ? La Fontaine, Fabl. XI, 4. Et pouvons-nous, de nos lambris dorés, dont nous ne sommes presque jamais sortis, voir d'un coup d'œil juste le terrain sur lequel on a combattu ? Voltaire, Mél. litt. Éloge fun. offic.

    Fig. en poésie, le céleste ou les célestes lambris, le ciel. De ce palais roulant le lambris étoilé, Rotrou, St Genest, III, 8. Lorsque Vénus du haut des célestes lambris…, Chénier, l'Amour et le berger.

    Lambris de verdure, berceau formé par des arbres ou arbustes. … Sous le toit solitaire De cent berceaux, sous le simple lambris Des myrtes verts et des rosiers fleuris Entrelacés par la main du mystère, L'Amour conduit les enfants de Cypris, Malfilâtre, Narcisse, I.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tout li arvol et tout li lambre Et li portiers ki l'uis tient près Et ki le garde tout adiès, Atorné sont à tout mal faire, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 293.

XIVe s. Le millier de lambrus [lattes] quatre deniers, Du Cange, lambroissare. Il vit par un pertuis qui estoit au lambru d'icelle chambre, Du Cange, ib. Jehan de Vendosme, desirant de tout son cœur savoir la verité du cas, fist mettre et tapir secretement sur le lambroiz de sa chambre un de ses varlés, Du Cange, ib.

XIVe s. Il fit dresser un autel diversifié d'un lambris d'ebene, jaspe, jayet et porphyre, Yver, p. 547. Contempler le lambriz ou la voulte qui sera ingenieusement ouvrée, Amyot, Lyc. 9.

ÉTYMOLOGIE

Il y a un ancien mot lambre qui paraît bien être le radical de lambris. Diez le tire du latin lamina, lame, comme marbre, de marmor ; il faut alors admettre un changement de genre, car lambre est du masculin. Du Cange, au contraire, voit dans lambre ou lambris le latin ambrĭces, de même sens ; mais alors il faut admettre que l'article s'y est agglutiné. Malgré cette difficulté, qui est grande pour le XIIIe siècle, on doit incliner à l'avis de Du Cange ; ambrices avec l'accent sur am, a donné ambre, d'où, si l'on admet l'agglutination, lambre. Lambrois et lambris sont des dérivés réguliers de lambre ; lambru en est un dérivé barbare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LAMBRIS. Ajoutez :
5 Nom donné à un sciage mince ou planches qui n'ont que 0m,014, 0m,018 ou 0m,020 d'épaisseur, 6, 8 ou 9 lignes, Nanquette, Exploit. débit et estim. des bois, Nancy, 1868, p. 87.