« limite », définition dans le dictionnaire Littré

limite

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

limite

(li-mi-t') s. f.
  • 1Ligne de démarcation entre des terrains ou territoires contigus ou voisins. Les Pyrénées sont la limite de la France du côté de l'Espagne. La rivière sert de limite à ma propriété.

    Il se dit souvent au pluriel en ce sens. Il avait, en livrant des combats, en remportant des victoires, en domptant de fières nations, étendu les limites de son empire, Bourdaloue, 2e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 36. Lui seul [Dieu] mit à vos pieds le Parthe et l'Indien, Dissipa devant vous les innombrables Scythes, Et renferma les mers dans vos vastes limites, Racine, Esth. III, 4. Vos ordres sont suivis ; déjà vos satellites D'Élide et de Messène occupent les limites, Voltaire, Mérope, I, 4.

    Fig. Je dis que sa grandeur n'aura point de limite, Malherbe, VI, 1. La raison a pour eux des bornes trop petites ; En chaque caractère ils passent les limites, Molière, Tart. I, 6. Je prie Dieu, lorsque je sens que je m'engage dans ces prévoyances, de me renfermer dans mes limites, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 7. Blâmez ce que Dieu blâme, condamnez ce que Dieu condamne ; mais ne passez point ces limites sacrées, Bossuet, Sermons, Jugem. humains, 1. Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des bornes prescrites, Et de l'art même apprend à franchir les limites, Boileau, Art p. IV. C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites ; qui le dirait ? la vertu même a besoin de limites, Montesquieu, Espr. XI, 4. Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite, Voltaire, 6e disc. en vers. Dans toute production poétique il y a toujours un peu de mensonge dont la limite n'est et ne sera jamais déterminée, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 238, dans POUGENS.

  • 2 Terme de mathématique. Grandeur de laquelle une autre grandeur peut approcher indéfiniment, sans jamais pouvoir la surpasser.

    Méthode des limites, méthode de démonstration qui emploie la considération des grandeurs limites.

    Limites des racines d'une équation, les deux quantités entre lesquelles se trouvent comprises les racines réelles.

  • 3 Au plur. Terme d'astronomie. Les points de l'orbite d'une planète les plus éloignés de l'écliptique.

REMARQUE

Le genre de ce mot a varié : masculin au XVIe siècle, il l'était encore quelquefois au XVIIe : Et ta miséricorde excédant tous limites, Corneille, Imit. III, 10.

HISTORIQUE

XVIe s. Ainsi la mer [Dieu] borna, par tel compas, Que son limite elle ne pourra pas Outrepasser, Marot, IV, 312. La vaillance a ses limites, lesquels franchis, on…, Montaigne, I, 53. Si nous sçavions restreindre les appartenances de nostre vie à leursjustes et naturels limites…, Montaigne, I, 173. Elles commencent à bastir en leurs ruches, en voute, d'un artifice merveilleux, depuis le bas jusques en haut du plancher, laissans deux limites, l'une pour l'entrée et l'autre pour la sortie, Paré, Animaux, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. limit, s. m. ; espagn. et ital. limite ; du lat. limitem, chemin de traverse, puis lisière, frontière, de limus, oblique.