« méchanceté », définition dans le dictionnaire Littré

méchanceté

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

méchanceté

(mé-chan-se-té) s. f.
  • 1Vice de ce qui est médiocre, sans qualité. On avait beau leur répondre que la méchanceté même des vers marquait qu'ils partaient d'un dieu qui avait un noble mépris pour les règles, ou pour la beauté du style…, Fontenelle, Oracl. II, 6.
  • 2Penchant à être méchant, à faire du mal. Ne comptez-vous pour rien le plaisir que l'on a à connaître tous les matins la méchanceté des gens, couverte du nom de zèle, et tous les soirs leurs sottises déguisées en pénétration ? Retz, Mém. liv. IV, t. III, p. 173, dans POUGENS. Comme la méchanceté est timide, elle se condamne par son propre témoignage, Sacy, Bible, Sagesse, XVII, 10. La méchanceté qu'on emploie à diffamer un homme prouve que ce n'est point pour sa méchanceté qu'il est diffamé, Rousseau, 3e dialogue. La méchanceté se trouve aujourd'hui l'âme de certaines sociétés, Duclos, Consid. mœurs, ch. 8.

    Familièrement. Il se dit de l'opiniâtreté des enfants. La méchanceté de cette petite fille.

  • 3Action méchante. Si vous avez ouvert les lettres, c'est une grande méchanceté que de m'en faire tant la guerre, Voiture, Lett. 24. Et de tant de pays nomme quelque contrée Dont tes méchancetés te permettent l'entrée, Corneille, Médée, II, 2. Je me renferme à comprendre qu'on vous fait des méchancetés ; je ne puis les deviner, et ne vois point d'où elles peuvent venir, Sévigné, 138. J'aime à rapporter vos propres termes ; c'est ma plus grande méchanceté, Rousseau, Lett. à l'archev. de Par. Je n'ai jamais fait dans ma vie qu'une méchanceté, disait un jour Rulhière à Chamfort. - Quand finira-t-elle, lui répliqua Chamfort ? Sainte-Beuve, Art. sur Chamfort.
  • 4Parole dite dans l'intention de nuire, d'offenser. Il y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu'il n'y en a qui se connaissent en style, Voltaire, Lett. Damilaville, 29 août 1762. Tant que Fréron amusera les oisifs par ses méchancetés hebdomadaires, on négligera les autres ouvrages périodiques qui ne seront qu'utiles et raisonnables, Voltaire, Lett. d'Argental, 11 mars 1764. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville en s'y prenant bien, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 8.

HISTORIQUE

XIVe s. Et des meschans ne vient fors que meschancetez, Guesclin. 20783.

XVIe s. À la fin, comme toutes mechancetez se decouvrent, Despériers, Contes, XXX. Universellement mal voulu de tous gens de bien et d'honneur pour sa meschanceté et sa vie desordonnée, Amyot, Philop. 31. Ces meschancetez insignes, Montaigne, IV, 80.

ÉTYMOLOGIE

L'ancien franç. meschance (voy. MÉCHANT) a donné meschanceté ; meschant avait donné dans le XVIe siècle meschantise.