« métaphore », définition dans le dictionnaire Littré

métaphore

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

métaphore

(mé-ta-fo-r') s. f.
  • 1 Terme de rhétorique. Dans le sens primitif, qui est celui d'Aristote et de l'étymologie, synonyme de trope ; c'est un terme général.
  • 2Dans un sens plus restreint, qui est le sens des rhéteurs postérieurs, de Cicéron, de Quintilien et le sens actuel, figure par laquelle la signification naturelle d'un mot est changée en une autre ; comparaison abrégée. Les métaphores ne sont autre chose que des similitudes abrégées, Bossuet, 6e avert. 82. Et, toujours bien mangeant, mourir par métaphore, Boileau, Sat. IX. La métaphore ou la comparaison emprunte d'une chose étrangère une image sensible et naturelle d'une vérité, La Bruyère, I. La métaphore est, selon les maîtres de l'éloquence, une similitude abrégée et une comparaison en un mot, Bouhours, Entret. d'Ariste et d'Eug. Entret. 6. Il n'est rien de plus difficile à ménager en ce temps-ci que les métaphores ; pour peu qu'on se donne carrière, on va dans l'excès, et on se trouve tout étonné de se voir enlacé misérablement dans le phébus de la vieille cour, Bayle, Lett. à Minutoli, 2 mai 1673. Si j'avais à choisir une favorite parmi les figures, à l'exemple de Socrate, qui se saisit de l'ironie pour sa part, ce ne serait pas la métaphore continuée qui toucherait mon inclination, Bayle, ib. La métaphore est une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d'un nom à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison qui est dans l'esprit, Dumarsais, Tropes, part. II, art. 10. Les métaphores sont défectueuses quand elles sont tirées de sujets bas ; le P. de Colonia reproche à Tertullien d'avoir dit que le déluge universel fut la lessive de la nature, Dumarsais, ib. Quand on dit simplement : c'est un lion, la comparaison n'est alors que dans l'esprit, et non dans les termes ; c'est une métaphore, Dumarsais, ib. La tragédie admet les métaphores, mais non pas les comparaisons ; pourquoi ? parce que la métaphore, quand elle est naturelle, appartient à la passion ; les comparaisons n'appartiennent qu'à l'esprit, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Hor. III, 1. Pour peu qu'on ait de chaleur dans l'esprit, on a besoin de métaphores et d'expressions figurées pour se faire entendre, Rousseau, Hél. II, 16. Boileau disait qu'on entendait aux halles plus de métaphores en un jour qu'il n'y en a dans toute l'Énéide, La Harpe, Cours de littér. t. VI, p. 468, édit. DUPONT. Dieu, dis-je en moi-même tout bas, Dieu, délivre-nous du malin et du langage figuré ; les médecins m'ont pensé tuer, voulant me rafraîchir le sang ; celui-ci m'emprisonne de peur que je n'écrive du poison… Jésus, mon Sauveur, sauvez-nous de la métaphore, Courier, Pamphlet des pamphlets.

    Métaphores disparates ou incohérentes, celles dont les termes ne peuvent pas s'accorder ; par exemple, c'est un torrent qui s'allume, il faut dire qui entraîne. Ces faits [paléontologiques] qui ont jeté les premières semences d'un grand corps de doctrine, Cuvier, Éloge de Pallas. On ne peut pas dire les semences d'un corps.

HISTORIQUE

XIIIe s. Mes des poetes les sentences, Les fables et les metafores…, la Rose, 7229.

XIVe s. Verité est que aucun juste est en un home qui est juste selon metaphore ou selon similitude, Oresme, Éth. 169.

ÉTYMOLOGIE

Μεταφορὰ, transport, métaphore, de μετὰ (voy. MÉTA-), et φέρειν, porter.