« mendier », définition dans le dictionnaire Littré

mendier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mendier

(man-di-é), je mendiais, nous mendiions, vous mendiiez ; que je mendie, que nous mendiions, que vous mendiiez v. a.
  • 1Demander en forme d'aumône. Il mendie son pain. Comment puis-je être sûre que l'inconnu qui vient implorer au nom de Dieu mon assistance et mendier un pauvre morceau de pain n'est pas peut-être cet honnête homme…, Rousseau, Hél. V, 2.

    Mendier sa vie, demander par aumône ce qui est nécessaire à la vie.

    Absolument. Ceux qui n'en trouveront pas [du travail] mendieront ou voleront ; ceux qui en trouveront, forcés à se donner au rabais, subsisteront misérablement, Condillac, Comm. gouv. II, 8. Le courtisan mendie en carrosse à six chevaux, et attrape plus tôt un million que l'autre [le besacier] un morceau de pain noir, Courier, Simple discours.

  • 2 Fig. Rechercher avec empressement et comme un mendiant. Quoi ! je pourrais descendre à ce lâche artifice D'aller de mes amants mendier le service ? Corneille, Rodog. III, 3. Si par quelque faiblesse ils l'avaient mendiée [la pitié], Corneille, Hor. III, 5. Je ne le verrai point mendier des places pour Versailles, Sévigné, 613. J'ai mendié la mort chez des peuples cruels, Qui n'apaisent leurs dieux que du sang des mortels, Racine, Andr. II, 2. Parmi tant de beautés qui briguèrent son choix [de Claude], Qui de ses affranchis mendièrent les voix, Racine, Brit. IV, 2. Il a souvent épargné des événements désagréables à qui n'en savait rien, et jamais le récit du service n'allait mendier de la reconnaissance, Fontenelle, Argenson. Pour monter jusqu'au faîte il faut savoir descendre, Et mendier bien bas ce qu'on n'ose pas prendre, Delavigne, les Enfants d'Édouard, II, 1.

HISTORIQUE

XIe s. Que nous seions conduiz à mendeier, Ch. de Rol, III.

XIIe s. Que porrez vus puis faire ? ù irez mendier ? Th. le mart. 133.

XIIIe s. [Les gens] Qui contre lor voloir mendient, la Rose, 8018.

XVe s. Et convint les pauvres gens… enfuir en Brabant et en Hainaut, et en la greigneur [plus grande] partie mendier, Froissart, II, II, 148.

XVIe s. Marius alloit errant et mendiant sa vie par le païs de l'Afrique, Amyot, Flamin. 45. Je priserois bien autant des graces toutes miennes et naïfves, que celles que j'aurois esté mendier et quester de l'apprentissage, Montaigne, II, 167. Le tyran voit les autres qui sont près de luy, coquinans et mendians sa faveur, La Boétie, 66. Financiers, justiciers, qui opprimez de faim Celui qui vous faict naitre ou qui defend le pain, Sous qui le laboureur s'abreuve de ses larmes, Qui souffrez mandier la main qui tient les armes, D'Aubigné, Tragiques, Misères.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. mendigar ; catal. mendicar ; ital. mendicare ; du lat. mendicare, dénominatif de mendicus, lequel se rattache à menda, faute ; menda tient au sanscrit mandam, peu.