« mouler », définition dans le dictionnaire Littré

mouler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mouler [1]

(mou-lé) v. a.
  • 1Jeter en moule, faire au moule. Mouler une figure. Mouler des ornements en plâtre, en terre pour les frises. On ne saurait douter que, depuis l'époque où les anciens ont commencé à fabriquer des monnaies, jusqu'au siècle de Constantin, on n'ait moulé les médailles sans les frapper, ou qu'on ne les ait moulées et ensuite frappées, sauf quelques exceptions peu nombreuses, Mongez, Instit. Mém. Acad. inscr. t. IX, p. 201. (Quand il s'agit de métaux, on dit plutôt fondre ou couler).

    Par extension. La nature n'a pas craint de mouler la croix sur une multitude de ses ouvrages, Chateaubriand, Génie, IV, I, 2.

    Terme de sculpture. Mouler à creux perdu, couler du plâtre dans un moule, sans le soutenir par une garniture intérieure ; il se dit par opposition à mouler à bon fond.

    Mettre de la terre dans le moule à potier.

    Pot à mouler, vase pour verser le suif fondu dans les moules à chandelle.

    Terme de fausse monnaie. Jeter des pièces fausses dans du sable bien préparé et mis avec des planches entre deux châssis ou moules.

  • 2Mouler un bas-relief, une statue, etc. y appliquer une matière propre à en recevoir l'empreinte en creux et à servir de moule pour les reproduire exactement.

    Mouler la figure d'une personne, appliquer sur son visage des couches de plâtre pour en avoir la ressemblance ; opération qui se pratique sur les morts et même sur les vivants.

  • 3Il se dit des vêtements qui expriment la forme du corps. Elle [une robe de chambre] moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j'étais pittoresque et beau, Diderot, Sur sa robe de chambre. L'Asiatique prétendait que les longs plis d'une tunique qui moulerait ses membres, en descendant mollement jusqu'à ses pieds, auraient infiniment plus de grâce, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 190, dans POUGENS.
  • 4Chez les cartiers, appliquer la feuille sur le moule.
  • 5 Terme de jardinage. Mouler des ifs, des orangers, des arbrisseaux à fleurs, les tailler en boules, en pyramides, etc.

    Terme de pêche. Mouler le hareng, le presser fortement entre les doigts pour en détacher les corps étrangers et en ôter les écailles.

  • 6 Terme de tailleur de pierre. Mouler une pierre, y tracer des panneaux pour l'usage des tailleurs de pierre.
  • 7Mouler du bois, le mesurer dans le moule ; locution aujourd'hui vieillie ; on dit : corder du bois.
  • 8Il se fait mouler, se disait d'un homme qui faisait imprimer quelque chose de lui.
  • 9 Fig. Former sur un certain modèle. Quand on a une fois l'entendement ouvert par l'habitude de réfléchir, il vaut toujours mieux trouver de soi-même les choses qu'on trouverait dans les livres ; c'est le vrai secret de les bien mouler à sa tête et de se les approprier, Rousseau, Hél. I, 12. Elle cherchait à mouler son âme sur la sienne, Rousseau, ib. VI, 14.
  • 10Se mouler, v. réfl. Être moulé. Ils [les excréments du dindon] ont assez de consistance pour se mouler en sortant par l'anus, Buffon, Ois. t. III, p. 207, dans POUGENS.
  • 11Être appliqué exactement sur. Cet habit serrait si bien le corps et s'y moulait de façon qu'il en était indécent, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvr. t. IV, p. 114, dans POUGENS.
  • 12 Fig. Se conformer. Les grands en toutes choses se forment et se moulent sur de plus grands, La Bruyère, XIV. Certains particuliers, qui… se moulent sur les princes pour leur garde-robe et pour leur équipage, La Bruyère, VII.

HISTORIQUE

XIe s. Gros a le piz [la poitrine], belement est mollet, Ch. de Rol. CCXXVII.

XIIe s. Sur celes dis bases furent dis vaissels posez, e d'une entaille e à une furme furent mollez, Rois, p. 256.

XIIIe s. …cil qui a le cuer dolent, Sachiés de voir [vrai], il n'a talent De doneier [servir des dames], ne karoler, Ne nus [nul] ne se porroit moller, Qui duel [deuil] eüst, à joie faire ; Car duel et joie sont contraire, la Rose, 336.

XIVe s. Il [Clodomir] tourna envers ses anemis, puis se moula en armes, et s'acesma [se disposa] à combattre, Du Cange, molare 4.

XVIe s. Il defendit que l'on ne feist ny peindre ny mouler aucune image de son corps, Amyot, Agésil. 2. Il avoit son esprit moulé au patron d'aultres siecles que ceulx-cy, Montaigne, I, 221.

ÉTYMOLOGIE

Moule 1.