« nettement », définition dans le dictionnaire Littré

nettement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nettement

(nè-te-man) adj.
  • 1D'une manière claire, distincte. Cette lunette fait voir nettement les objets. Concevoir nettement une chose. Ceux qui n'écrivent pas purement, mais qui écrivent nettement, ont cet avantage sur les autres qu'ils peuvent apprendre la pureté du langage, Vaugelas, Rem. t. II, p. 1045, dans POUGENS. Vous écrirez distinctement toutes les paroles de la loi que je vous propose, Sacy, Bible, Deutéron. XXVII, 8. L'un [Descartes] part de ce qu'il entend nettement pour trouver la cause de ce qu'il voit ; l'autre [Newton] part de ce qu'il voit pour en trouver la cause soit claire, soit obscure, Fontenelle, Newton.
  • 2Sans saleté. Tenir nettement un enfant.
  • 3 Fig. Franchement, sans déguisement. Parlez et nettement sur ce qu'il me propose, Corneille, Nicom. II, 3. Il faut vous expliquer nettement là-dessus, Molière, Mis. V, 2. Et quand j'allai chez M. l'Intendant le conjurer instamment… vous savez comme il me refusa nettement, Sévigné, 24 déc. 1673. Serait-il [le monde] rempli de gens qui demandent froidement ce qui ne leur est pas dû, ou qui refusent nettement de rendre ce qu'ils doivent ? La Bruyère, XI. M. Renau, après y avoir été trompé une fois ou deux, apprit nettement au roi d'où venait un si prodigieux mécompte ; sa sincérité n'épargna rien…, Fontenelle, Renau. Il jugea plus à propos d'avoir un éclaircissement avec le roi, et de s'expliquer nettement avec lui, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 495, dans POUGENS.
  • 4Sans ménagement. Il est bien aisé de vous répondre sur ce point ; car il n'y a qu'à vous dire nettement que cela est faux, et qu'il a dit tout le contraire, Pascal, Réfut. de la réponse à la 12e lettre. C'est démentir le P. Pintereau bien nettement, Pascal, Prov. X. Vous ne sauriez vous représenter le triomphe où elle est [Mme de Montespan]… elle passe nettement devant toutes les duchesses, Sévigné, 3 juill. 1675.
  • 5Sans quelque marque, quelque impression. La pauvre femme [Mme de Coulanges] avait encore hier la fièvre, on ne sort point nettement de ces grands maux, Sévigné, 21 oct. 1676.

HISTORIQUE

XIIIe s. Que toute nostre vie puissons Dieu servir netement et de bonne volenté, Psautier, f° 193. Li ewe [l'eau] de pluie qui est netement gardée et recueillie, Alebrand, f° 6. Et les rues jonchées d'erbe très nettement, Berte, IX. Que chevaliers doit adès tendre à sa car [chair] netement tenir, Se il à Dieu velt parvenir, Fabliaux, Barbazan, t. I, p. 65.

XVe s. Chevaliers et escuyers armés si très nettement que rien n'y avoit à ramender, Froissart, I, I, 93. La ville fut si nettement arse [brûlée], qu'il n'y demoura oncques pour establir ne loger un cheval, Froissart, liv. III, p. 209, dans LACURNE.

XVIe s. Nicias perdit l'advantage qu'il avoit nettement gaigné sur…, Montaigne, 1, 15.

ÉTYMOLOGIE

Nette, et le suffixe ment ; provenç. netamen, netamens ; ital. nettamente.