« nombrer », définition dans le dictionnaire Littré

nombrer

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nombrer

(non-bré) v. a.
  • 1Trouver le nombre de. Toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois, ou je nombre les côtés d'un carré, Descartes, Médit. I, 8. Voir deux objets à la fois, ce n'est pas voir leurs rapports, ni juger de leur différence ; apercevoir plusieurs objets les uns hors des autres, n'est pas les nombrer, Rousseau, Ém. IV.

    Absolument. De cela seul que j'aperçois que je ne puis jamais, en nombrant, arriver au plus grand de tous les nombres, et que de là je connais qu'il y a quelque chose, en matière de nombrer, qui surpasse mes forces, Descartes, Rép. aux 2es obj. 19.

  • 2Dans le langage général, compter, relater, énumérer. [Il] Peut à peine nombrer ses États et ses villes, Rotrou, Hypermn. I, 3. Je ne viendrais jamais à bout De nombrer les faveurs que l'amour leur envoie, La Fontaine, Joc. Je ne puis vous nombrer les louanges et les tendresses de Barillon, Sévigné, 12 juin 1675. Si vous nombrez les poids, les roues, les cordages, La Bruyère, VI. Qui voudrait nombrer tous les gens de loi qui poursuivent le revenu de quelque mosquée, aurait aussitôt compté les sables de la mer et les esclaves de notre monarque, Montesquieu, Lett. pers. 58.

HISTORIQUE

XIe s. Geste Francor [des Francs] trente escheles [escadrons] i nombre, Ch. de Rol. CCXXXVI.

XIIe s. Ne soit [une nuit] mie numbreie es jors del an ne conteie es mois, Job, p. 461.

XIIIe s. Il sembloit que toute la mer, tant comme l'en pooit veoir à l'ueil, feust couverte de touailles des voilles des vessiaus, qui furent nombrez à dix-huit cens vessiaus que granz que petiz, Joinville, 213. De divers arbres i ot tant, Que moult en seroie encombrez, Ains que les eüsse nombrés, la Rose, 1374. En monnoie boine, bien contée et bien nombrée, Tailliar, Recueil, p. 337.

XVe s. Et conquirent si fier et si grand avoir que merveilles seroit à penser et à nombrer, Froissart, I, I, 267. …Que si tous les bons jours qu'il a euz en sa vie estoient nombrez, il s'en trouveroit bien peu, Commines, VI, 13.

XVIe s. Exception d'argent non nombré n'a point de lieu, Loysel, 707. Il [Polybe] a depuis, par le moyen de l'estude qu'il feit en sa prison, esté nombré entre les plus sçavans historiographes des Grecs, Amyot, César, 71. Nombrer si est le nombre en l'entendement conceu par figures communes artificiellement representer, De la Roche, Arismetique, f° 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. numerar, numbrar, nombrar ; espagn. numerar ; ital. numerare ; du lat. numerare.