« nouer », définition dans le dictionnaire Littré

nouer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nouer

(nou-é) v. a.
  • 1Faire un nœud à quelque chose. Nouer une ficelle. La Parque sur un fuseau d'or Noua le beau fil de sa vie, Bernard, Od. 12.

    Fig. Nouer l'aiguillette, voy. AIGUILLETTE.

    Terme de manége. Ce cheval noue l'aiguillette, il détache vivement la ruade (locution vieillie).

    Terme de fauconnerie. Nouer la longe, mettre l'oiseau en mue et lui faire quitter pour quelque temps la volerie.

  • 2 Fig. Engager, commencer comme par un nœud. Nouer une partie. Nouer amitié. La partie entre eux deux serait bientôt nouée, Corneille, Attila, IV, 4. Et, avec la puissance royale, il [Louis XI] ne pouvait si bien nouer ses intrigues, que souvent, un petit ressort venant à manquer, toute l'entreprise ne fût renversée, Bossuet, 2e paneg. St Franç. de Paule, 1.
  • 3En parlant des pièces de théâtre, former le nœud, l'obstacle qui donne lieu à l'intrigue. Il a noué fortement l'action de sa pièce. S'il [Voltaire] n'avait pas, disait-il, une action dramatique à nouer et à dénouer, il avait dans le czar un très grand caractère à peindre, Marmontel, Mém. X.

    En termes de peinture, on dit que des couleurs ou des figures sont bien nouées lorsqu'elles ont ensemble une belle liaison.

  • 4Rejoindre les fils de la chaîne ou de la trame quand ils se cassent.

    Fig. Nouer des chœurs, unir l'un à l'autre des chœurs de danse. [Et vous, étoiles] Qui, cadençant vos pas à la lyre des cieux, Nouez et dénouez vos chœurs harmonieux, Lamartine, Méd. II, 8.

  • 5Envelopper quelque chose en faisant un nœud. Nouer une pièce de monnaie dans le coin d'un mouchoir.
  • 6On dit qu'un arbre noue son fruit, lorsque, l'ovaire ayant été fécondé, le fruit commence à grossir. Les fleurs du palmier femelle qui n'ont point été fécondées, nouent bien leur fruit ; mais ce fruit reste toujours très petit, et le germe ne parvient point à s'y développer, Bonnet, Contempl. nat. VI, 7. Ces arbres [auxquels on a enlevé un anneau d'écorce en pénétrant jusqu'au bois] seront constamment plus hâtifs, ils fleuriront et noueront plus tôt leur fruit, Bonnet, ib. X, 27.
  • 7 v. n. Être fécondé, en parlant des fleurs des arbres à fruit. Les fruits ont noué. Les fruits sont noués. Quantité de fleurs tombent tout entières et sans nouer ; d'autres, après être nouées, se détachent de l'arbre, Buffon, Exp. sur les végét. 4e mém. On sait que ce qui empêche souvent les fruits de nouer, est la trop grande abondance de la séve, Bonnet, Us. feuil. plant. 2e mém. Le poivrier fleurit un mois ou deux après les premières pluies qui succèdent à la saison sèche ; il est noué en ventôse ou en germinal [entre le 20 février et le 20 avril], Leblond, Instit. Mém. scienc. phys. et math. sav. étrang. t. I, p. 559.
  • 8Se nouer, v. réfl. Être noué. Cette corde s'est nouée autour du pied du cheval.

    Les intestins se nouent dans l'iléus, ils s'invaginent, ils entrent l'un dans l'autre.

  • 9 Fig. Être rattaché …Le pré vert, le sentier qui se noue aux villages, Et le ravin profond…, Hugo, Crép. 24.
  • 10En parlant des arbres à fruit, passer de l'état de fleur à celui de fruit. Les pommes commencent à se nouer.

    Fig. Ne vous contentez pas de ces affections stériles et infructueuses qui ne se tournent jamais en résolutions déterminées ; de ces fleurs… qui ne se nouent jamais pour donner des fruits, Bossuet, Sermons, Parole de Dieu, 3.

  • 11Cet enfant se noue, il devient rachitique.

    La goutte se noue, se dit lorsque l'humeur qui cause la goutte se durcit dans les jointures.

HISTORIQUE

XIIe s. Et à queue d'un roncin estachier et noer [un condamné], Roncisv. 197.

XIIIe s. Or vos a noé le droit neu, Partonop. v. 2660. Estroit [il] lui out la corde en la bouche nouée, Berte, XVI. Avarice en sa main tenoit Une borse qu'el reponnoit [cachait], Et la nooit si durement, Que demorast moult longuement, Ainçois qu'el en peüst riens traire, la Rose, 229. Renart le prent et si li neue Entor la qeue au miex qu'il puet, Ren. 1152.

XVIe s. La liaison n'est pas nouée en maniere qu'on n'ait aulcunement à s'en desfier, Montaigne, I, 215. Bleds et autres grains après la Saint Jean, où qu'ils sont noués, sont reputés meubles, Loysel, 214. Il ne peut nouer au bout de l'an les deux bouts de sa serviette ensemble, Cotgrave Aiguillette nouée, Cotgrave Nouer la partie avec quelqu'un, Oudin, Curios. franç. Le seigneur de fief peut faire estang en son fief, pourveu que la chaussée en soit nouée par les deux bouts en son domaine, Coust. génér. t. II, p. 121.

ÉTYMOLOGIE

Picard, neuer ; wallon, noki, noukî ; namur. nuker ; provenç. nozar, nosar, noar ; cat. nuar ; du lat. nodare, qui vient de nodus, nœud.