« opposite », définition dans le dictionnaire Littré

opposite

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

opposite

(o-pô-zi-t') s. m.
  • 1L'opposé, le contraire. Ce qu'on appelle mépris est l'opposite de ce qu'on appelle faiblesse, Bossuet, Lett. abb. 60. Avec un peu de jugement, Albéroni eût évité de citer celui [Tacite] qui nous a montré Séjan dans tous ses vices, et qui en opposite nous a laissé la vie d'Agricola, Saint-Simon, 204, 243.
  • 2À l'opposite, loc. adv. En face, vis-à-vis. En quelque lieu qu'allât cette engeance maudite, Le miroir se plaçait toujours à l'opposite, La Fontaine, Psyché, II, p. 193. Votre poignet à l'opposite de votre hanche, Molière, le Bourg. gent. II, 3. À l'opposite, l'on rencontre une autre forêt de grenadiers, qui est très agréable par la couleur de ses fleurs et par la grosseur de ses fruits, Segrais, l'île imaginaire, t. II, p. 196.

    Fig. Au contraire. Ils [les marcionites] établirent deux dieux, dont l'un, qui n'avait pour toute qualité qu'une bonté insensible… l'autre à l'opposite, étant d'un naturel cruel et malin…, Bossuet, Sermons, Bonté, préambule.

REMARQUE

Opposite est un adjectif pris substantivement. L'Académie le dit masculin et féminin ; mais il doit être plutôt masculin que féminin ; à quoi, dans les exemples, rien ne contredit.

HISTORIQUE

XIVe s. Le pouce ausi com opposite de chascun doi, H. de Mondeville, f° 21. Afin qu'il ordenast sa bataille encontre les montaignes opposites, Bercheure, f° 38, verso. Et li povre, par opposite De l'exemplaire que j'ay dicte, Tant soit il sage à grant devise, Nul ne l'aime, honnoure ne prise, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 28. Il semble estre raisonnable qu'injuste souffrir et juste souffrir soient opposites, Oresme, Eth. 159.

XVe s. L'avant garde, le connestable, et bien trois mille lances s'arresterent tout outre à l'opposite de l'ost du roi, Froissart, II, II, 212.

XVIe s. Il est necessaire de conclure à l'opposite que…, Calvin, Inst. 92. Deux grosses troupes prinrent d'effroy deux routes opposites, Montaigne, I, 62.

ÉTYMOLOGIE

Lat. oppositus, de ob, devant, et positus, posé (voy. POSITION). Opposite est un latinisme fait au XIVe siècle ; d'origine, il serait oposte.