« oppression », définition dans le dictionnaire Littré

oppression

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

oppression

(o-prè-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1État de ce qui est oppressé.

    Terme de médecine. Oppression des forces, état dans lequel le malade, loin de manquer de forces, est embarrassé de leur excès ; c'est ce que l'on observe au début de quelques phlegmasies, de quelques hémorrhagies, etc.

  • 2État dans lequel le malade éprouve la sensation d'un poids. Oppression de poitrine.

    Absolument. L'oppression de la poitrine. La bise me fait une oppression par la crainte qu'elle me donne, Sévigné, 377. Hier, à six heures, il tourne à la mort tout d'un coup : les redoublements de fièvre, l'oppression, les rêveries ; en un mot la goutte l'étrangle traîtreusement, Sévigné, 413.

    Fig. Chercher à soulager l'oppression de mon cœur, Graffigny, Lett. péruv. 19. Je hais l'oppression d'une haine profonde, Hugo, Feuilles d'automne, XL.

  • 3État de ce qui est opprimé. Dieu parle dans les dernières oppressions ; si le refroidissement de la charité laisse l'Église presque sans vrais adorateurs, les miracles en exciteront, Pascal, Pensées, XXV, 204, éd. HAVET. Il y a quatre cents ans que tu demeures dans l'oppression, Bossuet, Hist. II, 10. Mme d'Aiguillon savait-elle une famille opprimée, elle animait la justice contre l'oppression, Fléchier, Aiguillon. L'Église gémissait dans l'oppression, Massillon, Panég. Ste Agnès. Le cri de la liberté toujours prêt à sortir de l'extrême oppression, Rousseau, Polysynodie.

    Action d'opprimer. L'aversion naturelle que l'on a pour les oppressions injustes, Sévigné, à Guitaut, 25 sept. 1677. Les énormes dépenses… jetèrent un si bon roi [Salomon] dans les oppressions qui donnèrent lieu, sous son fils, à la division de la moitié du royaume, Bossuet, Polit. X, VI, 1. Admirez, femmes riches, et tremblez, dit le prophète, vous qui par des dépenses folles et excessives contraignez vos maris à chercher dans l'oppression des pauvres de quoi fournir à vos vanités et à votre luxe, Fléchier, Mar.-Thér. D'un même joug souffrant l'oppression, Racine, Esth. I, 1. Il est rare que l'oppression, quand elle est extrême, n'inspire pas aux peuples quelque résolution salutaire, Diderot, Claude et Nér. I, 107. Mortelle ennemie des lois et de la liberté, qu'a-t-elle [la noblesse] jamais produit dans la plupart des pays où elle brille, si ce n'est la force de la tyrannie et l'oppression des peuples ? Rousseau, Hél, I, 62. Corvée, impôts rongeurs, tributs, taxes pesantes, Le sel, fils de la terre, ou même l'eau des mers, Source d'oppression et de fléaux divers, Chénier, Hymne à la France.

    Oppression se dit aussi de la tyrannie domestique. Elle se retira dans un couvent pour se soustraire à l'oppression d'une belle-mère.

  • 4Embarras d'argent, embarras d'affaires. Je vous mandai, la dernière fois, la vue que j'avais pour vous tirer de l'oppression où vous êtes, Sévigné, 25 janv. 1690. On met ses amis en campagne, ou plutôt ils s'y mettent eux-mêmes avec… tant d'envie de vous tirer de cette oppression [un procès], que c'est leur propre affaire, Sévigné, 16 mars 1689.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour très grieves oppressions que l'en li fait, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Nous garderons de toute oppression et violence tant les ecclesiastiques que le pauvre peuple, D'Aubigné, Hist. II, 227. Les oppressions et miseres de mes pauvres sujets, D'Aubigné, ib. II, 244.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. oppression ; ital. oppressione ; du lat. oppressionem, de ob, et pressionem (voy. PRESSION). On a dit aussi oppresse aux XVe et XVIe siècles.