« peiner », définition dans le dictionnaire Littré
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peiner
- 1Causer de la fatigue. Ce travail vous peinera beaucoup.
Comment, en faisant le monde par sa parole, il [Dieu] montre que rien ne le peine
, Bossuet, Hist. II, 1. - 2Causer du chagrin, de l'inquiétude.
Le soulagement de quelque chose qui vous peine
, Sévigné, 202.Cet objection ne peine pas plus l'auteur que la première
, Mém. de Trév. 1725. - 3Faire avec difficulté (peu usité en ce sens). Ce peintre peine beaucoup ses ouvrages.
- 4 V. n. Se fatiguer à.
Nous suons, nous peinons comme bêtes de somme
, La Fontaine, Fabl. III, 2.Le cerveau peine en ceux qui n'ont pas acquis cette heureuse immobilité [l'immobilité de l'âme dans l'attention]
, Bossuet, Conn. de Dieu, III, 18.M. de Leibnitz peinait quelquefois à parler
, Fontenelle, Leibnitz.Le régent avait la vue fort basse, elle peinait surtout en écrivant
, Saint-Simon, 505, 143.Il se dit de poutres chargées d'un fardeau trop pesant. Cette solive peine trop pour résister longtemps.
- 5Éprouver du déplaisir. On peine à l'entendre.
Répugner à. Il peine à punir.
Impersonnellement. Il me peine de vous faire faire cette besogne.
- 6Se peiner, v. réfl. Se tourmenter.
Pourquoi d'âme et de corps faut-il que je me peine ?
Régnier, Sat. XVI.Il faut se trop peiner pour avoir de l'esprit
, Molière, Fem. sav. III, 6.L'honnête homme est celui qui s'est peiné à n'avoir que de la vertu
, La Bruyère, XII.Pour des bienséances [à la mort de Monsieur] Mme de Maintenon ne s'en peina pas
, Saint-Simon, 93, 227.
HISTORIQUE
Xe s. Jonas propheta habebat mult laboret et mult penet à cel populum
, Fragm. de Valenc. p. 468.
XIe s. Dis e set ans, n'en fut nient à dire, Penat sun cors el damne Deu service [au service du Seigneur Dieu]
, St-Alexis, XXXIII.
XIIe s. De ceste amour qui tant me fait pener
, Couci, x. … Moult nous doit enuyer Que tant nous veut cist rois pener et travaillier
, Sax. XVI. Les eises de sun cors fuï e esluigna, E el servise Deu jor et nuit se pena
, Th. mart. 93.
XIIIe s. Por ce se devroit chascun pener de savoir la [la rhétorique], se sa nature li sueffre et li aide
, Latini, Trés. p. 9. Il [l'avocat] doit estre paiés selonc ce qu'il avoit pené, ains qu'il connust le [la] querele à malvese
, Beaumanoir, V, 12.
XVe s. Et prioit moult gracieusement que chacun se penast de bien faire la besogne [Édouard III à son armée]
, Froissart, I, I, 41.
XVIe s. D'abandonner du tout mes affaires il m'est très facile ; de m'y prendre sans m'en peiner, très difficile
, Montaigne, IV, 72. Il y a plus de quarante ans que je travaille et me peine à l'esclaircissement et perfection de la chirurgie
, Paré, Dédic.
ÉTYMOLOGIE
Peine ; provenç. et espagn. penar ; ital. penare.