« peinture », définition dans le dictionnaire Littré

peinture

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

peinture

(pin-tu-r') s. f.
  • 1 Imitation faite avec lignes et couleurs, sur une superficie plane, de tout ce qui se voit sous le soleil ; sa fin est la délectation, Poussin, Lett. 7 mars 1665. La peinture est un des arts libéraux ; elle a trois parties : l'invention, le coloris et le dessin. Dans la peinture, nous aimons mieux un paysage que le plan du plus beau jardin du monde ; c'est que la peinture ne prend la nature que là où elle est belle, là où la vue se peut porter au loin et dans toute son étendue, là où elle est variée, là où elle peut être vue avec plaisir, Montesquieu, Goût, Curiosité. La peinture se divise en technique et idéale, et l'une et l'autre se sous-divise en peinture de portrait, peinture de genre et peinture historique, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 325, dans POUGENS. Ce qui fait bien en peinture fait toujours bien en poésie ; mais cela n'est pas réciproque, Diderot, Salon de 1767, t. XIV, p. 127. Vers le temps de la bataille de Marathon, la peinture et la sculpture sortirent de leur longue enfance, et des progrès rapides les ont amenées au point de grandeur et de beauté où nous les voyons aujourd'hui, Barthélemy, Anach. ch. 37. La peinture en ce premier état d'enfance où elle est désignée par les noms de linéaire ou de monogramme…, Lévesque, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. II, p. 380.

    Peinture à fresque, celle qui se fait contre les murailles et les voûtes fraîchement enduites d'un mortier de chaux et de sable.

    Peinture en détrempe, peinture qui se fait ou sur des murs, ou sur du bois, ou sur de la toile, et à laquelle toutes couleurs sont propres, à l'exception du blanc de chaux.

    Peinture à l'huile, celle qui se fait sur toutes sortes de matières, et où les couleurs se broient avec de l'huile de noix, ou de l'huile de lin.

    Peinture sur verre, celle des vitraux.

    Peinture en émail, celle qui se fait sur les métaux et sur la terre, avec des émaux cuits et refondus.

    Plate peinture, se disait, au moyen âge, de ce qui se peignait sur mur, sur châssis ou sur toile, par opposition à la peinture appliquée sur ronde bosse, De Laborde, Émaux, p. 435.

  • 2Ouvrage de peinture. Une belle peinture. Les peintures de Michel-Ange et de Raphaël au Vatican.

    Familièrement. Cela est fait comme une peinture, se dit d'une chose bien faite, d'un ouvrage exécuté avec soin.

  • 3Portrait. Et voilà d'un bel homme une vive peinture ! Molière, Sgan. 6. Je n'ai pas reconnu les traits de sa peinture, Molière, ib. 22.

    Image d'un objet. Ayant ainsi vu cette peinture dans l'œil d'un animal mort, Descartes, Diopt. v.

  • 4Toute couleur appliquée sur une surface. La peinture de ce carrosse est toute fraîche. Si les femmes étaient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, …qu'elles eussent le visage aussi allumé et aussi plombé qu'elles se le font par le rouge et par la peinture dont elles se fardent, elles seraient inconsolables, La Bruyère, III.
  • 5Peinture en bois, partie de l'ébénisterie qui représente des figures et autres ornements.
  • 6S. f. pl. Les peintures, s'est dit, aux cartes, des rois, des dames et des valets.
  • 7 Poétiquement. Les couleurs naturelles répandues dans la nature. Sachez qui donne aux fleurs cette aimable peinture, Régnier, Sat. IX, à Rapin. Il [Dieu] donne aux fleurs leur aimable peinture, Racine, Athal. I, 4.
  • 8 Fig. Description vive et animée par la parole ou le style. J'ajoute à ces tableaux la peinture effroyable De leur concorde impie, affreuse, inexorable [des triumvirs], Corneille, Cinna, I, 3. Je pense que je vis d'un air dans le monde à ne pas craindre d'être cherchée dans les peintures qu'on fait là des femmes qui se gouvernent mal, Molière, Critique, 7. L'éloquence est une peinture de la pensée, Pascal, Pens. XXIV, 87 bis, éd. HAVET. Je crois que Marseille vous a paru beau : vous m'en faites une peinture extraordinaire, qui ne déplaît pas, Sévigné, 52. On lit encore avec joie la belle peinture que font Isaïe et Ézéchiel des bienheureux temps qui devaient suivre la captivité de Babylone, Bossuet, Hist. II, 5. Vous verrez dans les paroles de ce grand roi [David] la vive peinture de la reine, et vous en reconnaîtrez tous les sentiments, Bossuet, Mar.-Thér. À ces petits défauts marqués dans sa peinture [d'Achille], L'esprit avec plaisir reconnaît la nature, Boileau, Art p. III. La peinture que la chaire fait de nos vices, Massillon, Carême, Parole.
  • 9En peinture, loc. adv. En apparence, sans réalité. Je parle de cette affection en peinture qui est bien souvent une fausse représentation de l'âme, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 29. Puisque le roi veut bien n'être roi qu'en peinture, Corneille, Nicom. V, 7. Un duel met les gens en mauvaise posture, Et notre roi n'est pas un monarque en peinture, Molière, Fâch. I, 10. Tu ne seras heureux par ma foi qu'en peinture, Regnard, le Joueur, V, 7.

    En effigie. Calvin et ses suppôts… Dans Paris, en peinture, allèrent au supplice, Voltaire, Loi nat. 3.

    Je ne voudrais pas y être, m'y voir, même en peinture, se dit d'un lieu, d'une situation pour laquelle on aurait une vive répugnance.

    Ne pouvoir voir en peinture, détester quelqu'un ou quelque chose au point de ne pouvoir en souffrir la représentation.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ce dist raisons : amours n'est fors painture ; En li n'a riens fors biauté et figure, Bibl. des chartes, 4e série, t. V, p. 16. En Oreb un veel [ils] formerent, Et les pointures aorerent, Psaumes, dans Liber psalm. p. 333.

XIVe s. Chi commenchent les peintures des taules [tables de jeux], Hist. littér. de la Fr. t. XXV, p. 54.

XVe s. Guy de la Tremoille fit très richement garnir la navire où son corps devoit passer ; et cousterent les nouvelletés et les peintures… plus de deux mille francs, Froissart, II, III, 36.

XVIe s. Quelquefois on a ouy dire au roy [Henri III], qu'il eust voulu que des huguenots et des ligueurs le dernier fust en peinture, tant il hait les uns et les autres, Considerations sur le meurtre du duc de Guyse, p. 22.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, pondeur, ponteur ; bourg. pointure ; prov. pintura, pictura, penchura ; esp. peintura ; ital. pintura, pittura ; du lat. pictura, de pictum, supin de pingere, peindre.