« peintre », définition dans le dictionnaire Littré

peintre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

peintre

(pin-tr') s. m.
  • 1Celui qui exerce l'art de la peinture. Peintre d'histoire. Peintre de genre. Sa Majesté l'a choisi [Poussin] et retenu pour son premier peintre ordinaire, et, en cette qualité, lui a donné la direction générale de tous les ouvrages de peinture et d'ornement qu'elle fera ci-après pour l'embellissement de ses maisons royales, Poussin, Lett. p. 31. Considérez bien, monsieur, que ce ne sont pas des choses que l'on peut faire en sifflant, comme vos peintres de Paris, qui, en se jouant, font des tableaux en vingt-quatre heures, Poussin, Lett. 20 août 1645. Phidias, qui florissait dans la 84e olympiade, a été peintre avant que d'être sculpteur, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. XI, 1re part. p. 148, dans POUGENS. On peut comparer Raphaël à Virgile, et les peintres de Venise, avec leurs attitudes forcées, à Lucain, Montesquieu, Goût, Progression de la surprise. Bien des peintres sont tombés dans le défaut de mettre des contrastes partout et sans ménagement, de sorte que, lorsqu'on voit une figure, on devine d'abord la disposition de celles d'à côté ; cette continuelle diversité devient quelque chose de semblable, Montesquieu, Goût, Contrastes. Ainsi les peintres groupent leurs figures ; aussi ceux qui peignent les batailles mettent-ils sur le devant de leurs tableaux les choses que l'œil doit distinguer, et la confusion dans le fond et le lointain, Montesquieu, Goût, Ordre. Soyez sûr qu'un peintre se montre dans son ouvrage autant et plus qu'un littérateur dans le sien, Diderot, Essai sur la peint. ch. II. Il n'y a, à proprement parler, que trois grands peintres originaux, Raphaël, le Dominicain et le Poussin, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 245, dans POUGENS. Les tableaux de Michel-Ange, ce peintre de la Bible, de Raphaël, ce peintre de l'Évangile, supposent autant de profondeur et de sensibilité qu'on en peut trouver dans Shakspeare et Racine, Staël, Corinne, VIII, 3.

    Désespoir des peintres, nom d'une plante, saxifraga umbrosa, L.

  • 2Celui dont le métier est de peindre les murs, les lambris. Peintre en bâtiments. Il faut avoir trente ans pour songer à sa fortune ; elle n'est pas faite à cinquante ans : l'on bâtit dans sa vieillesse, et l'on meurt quand on en est aux peintres et aux vitriers, La Bruyère, VI.

    Peintre de décor, ouvrier qui imite par la peinture les marbres, les bois.

    Familièrement. Être gueux comme un peintre, être fort mal dans ses affaires (à cause que les peintres passent pour se déranger souvent et manger ce qu'ils gagnent).

  • 3 Fig. Celui qui représente vivement en parlant, en écrivant. Mais quand jouera-t-on le Portrait du peintre ? Molière, Impromptu, 3. J'avais copié mes personnages d'après le plus grand peintre de l'antiquité, je veux dire d'après Tacite, Racine, Brit. Préface. Le duc de la Rochefoucauld était philosophe, et n'était pas peintre, Vauvenargues, Nouv max. 4. Montaigne est riche en expressions, il est énergique, il est philosophe, il est grand peintre et grand coloriste, Diderot, Claude et Nér. II, 17.
  • 4 Adjectivement. Une femme peintre.

REMARQUE

L'usage n'est pas bien fixé sur le féminin de ce mot. Legoarant veut qu'on dise la peintre : De ces deux sœurs l'une est peintre, l'autre sculptrice, et j'aime mieux la peintre. En parlant de la femme d'un peintre, la Fontaine a dit la peintre : L'une pourtant des tireuses de vin De lui sourire au retour ne fit faute ; Ce fut la peintre…, Rémois. Voltaire a fait peintre du féminin au figuré : Belle Daphné [Mlle Clairon], peintre de la nature, Vous l'imitez et vous l'embellissez, Ép. 83. Enfin J. J. Rousseau a dit peintresse : Je crois que la peintresse ne vous a pas flattée ; mais je vous vois déjà de la main d'un autre peintre, duquel je n'en oserais dire autant, Lett. à Mme Latour, 2 oct. 1763. Peintresse se dit souvent dans les écoles professionnelles de Paris : les graveuses et les péintresses, celles qui font la gravure sur bois et celles qui font la peinture sur porcelaine. Calvin a dit peintresse.

HISTORIQUE

XIIIe s. Mieux [elle] ressemble [à] Bertain que ne peindroit peigniere, Berte, XI. Il puet estre paintres et tailliers imagiers à Paris qui veut, Liv. des mét. 157.

XVe s. Et vous dis que peintres y eurent trop bien leur temps ; ils gagnerent ce que demander vouloient, encore n'en pouvoit on recouvrer, Froissart, II, III, 36.

XVIe s. Il prendra vos filles pour les faire peintresses, cuisinieres et boulangeres, Calvin, Instit. 1212. [Les poëtes] vrais peintres de la nature, Ronsard, 385.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, pôdeu ; provenç. pintor, pictor ; espagn. pintor ; ital. pintore, pittore ; du lat. pictorem, de pingere, peindre. Peintre vient de pictor, ou plutôt de pinctor avec l'accent sur pinc, comme pastre de pastor ; mais l'ancien français pigniere, au nominatif, suppose une forme pingītor.