« poignard », définition dans le dictionnaire Littré

poignard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

poignard

(po-gnar ; quelques-uns disent poignar ; le d ne se prononce pas et ne se lie pas : un pognar acéré ; au pluriel, l's ne se lie pas : des po-gnar acérés ; cependant quelques-uns la lient : des pognar zacérés) s. m.
  • 1Arme d'estoc dont la lame est courte, aiguë et tranchante. Et je veux pour signal que cette même main Lui donne, au lieu d'encens, d'un poignard dans le sein, Corneille, Cinna, I, 3. Je puis dire, sans exagération, que, sans même excepter les conseillers, il n'y avait pas vingt hommes dans le palais qui ne fussent armés de poignards, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 122, dans POUGENS. Lui porte à la gorge un poignard, La Fontaine, Cord. Un poignard à la main, l'implacable Athalie Au carnage animait ses barbares soldats, Racine, Athal. I, 2. Timocrate donna un coup de poignard à Philoclès, Fénelon, Tél. XII. [Mademoiselle] Il n'y aura rien à quoi je ne vous contraigne en vous mettant, au lieu de poignard, l'extrait de votre baptême sur la gorge, Fontenelle, Lettr. gal. à Mlle de C... On vit le coadjuteur, archevêque de Paris, venir prendre séance au parlement avec un poignard dans sa poche, dont on apercevait la poignée, et on criait : voilà le bréviaire de notre archevêque, Voltaire, Louis XIV, 4.

    Mettre le poignard au sein de quelqu'un, l'exposer à être assassiné. Que, pour sauver quelques scélérats, on mettait, pour ainsi dire, le poignard au sein des plus gens de bien, Vertot, Révol. rom. XII, 211.

    Chevaliers du poignard, nom que le parti populaire donna à des royalistes qui se réunirent aux Tuileries, avec des armes cachées, le 28 février 1791.

    S'est dit aussi d'une société contre-révolutionnaire qui se forma dans le Midi de la France, après le 9 thermidor.

    Fig. Mettre, tenir à quelqu'un le poignard sur la gorge, vouloir le contraindre à faire quelque chose.

    Poignard d'abordage, arme qui fait partie de l'armement des marins.

  • 2 Fig. Tout ce qui peut blesser, offenser d'une manière vive, profonde. Je ne suis point en bonne humeur ; je viens d'avoir une conversation sérieuse avec le bien bon sur les malheurs du temps [les difficultés d'argent], et vous savez comme ce chapitre met le poignard dans le cœur, Ch. Sévigné, dans SÉV. 12 janv. 1676. Voilà jouer d'adresse, et médire avec art, Et c'est avec respect enfoncer le poignard, Boileau, Sat. IX. C'est lui mettre moi-même un poignard dans le sein, Racine, Andr. II, 5. Chaque mot dans mon cœur enfonce le poignard, Voltaire, Alz. III, 4. C'était plonger le poignard dans le sein maternel, Rousseau, Hél. I, 29.

    Avoir le poignard dans le cœur ou dans le sein, avoir une vive douleur.

    Tourner le poignard dans la plaie, s'appesantir sur ce qui offense, blesse ou afflige cruellement. Ah ! prends pitié d'une peine si rude ; Ne tourne point le poignard dans mon cœur, Voltaire, Prud. V, 6.

  • 3Couteau-poignard couteau dont la lame est aiguë et tranchante des deux côtés.
  • 4 Terme de pêche. Nom vulgaire des brochets moyens.
  • 5Pièce en pointe mise à un vêtement mal fait, pour l'élargir. Les ouvriers qui, chez tous les tailleurs, sont chargés de faire des poignards ou des retouches s'appellent des pompiers, et leur travail est dit à la pompe, Opinion nationale, 15 avril 1867.

HISTORIQUE

XVIe s. Il n'y avoit nul d'eux si hardi qui osast ouvrir la bouche de composition aux gouverneurs qui avoient la main au pognard à tout propos qu'ils sentoient cela, D'Aubigné, Hist. II, 155.

ÉTYMOLOGIE

Poing : ce qui se porte au poing ; Berry, pougnard. Comparez l'ital. pugnale, poignard. Dans le XVe siècle, on trouve poingal, poingnal, poignant.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

POIGNARD. Ajoutez : - REM.

1. Le poignard est une arme plus courte que la dague.

2. En termes de tailleur, le poignard a une signification plus étendue qu'il n'est dit dans le Dictionnaire. Poignard est le terme générique qui désigne toute espèce de retouche au vêtement, soit soufflet, soit pince, rétrécissement des coutures, etc.