« profondément », définition dans le dictionnaire Littré

profondément

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

profondément

(pro-fon-dé-man) adv.
  • 1Bien avant. Un arbre profondément enraciné. À mesure que l'on descend plus profondément, Buffon, Min. t. II, p. 229. Un manoir dans les bois ! Trouvez-le-moi bien sombre… Dans le silence et l'ombre Caché profondément, Hugo, Odes, IV, 25.

    Fig. Les caractères [d'un livre] en sont assez grands et visibles… on a employé le fer et la violence, pour les graver profondément sur le corps de Jésus-Christ crucifié, Bossuet, 2e sermon, Passion, 1.

  • 2 Fig. D'une manière profonde. La grêle tombera sur la forêt, et la ville sera profondément humiliée, Sacy, Bible, Isaïe, XXXII, 19. …les Anglais pensent profondément ; Leur esprit, en cela, suit leur tempérament, La Fontaine, Fabl. XII, 23. Il dormait à la manière d'un dieu, c'est-à-dire profondément, penché nonchalamment sur un oreiller, un bras sur la tête, l'autre bras tombant sur le bord du lit, La Fontaine, Psyché, I, p. 85. La vie passe si vite, que je ne sais comme on peut se désespérer si profondément des affaires de ce monde, Sévigné, 27 oct. 1675. C'est un homme qui ferait les Géorgiques de Virgile, si elles n'étaient déjà faites, tant il sait profondément le ménage de la campagne, Sévigné, 8 mai 1680. C'est par une telle foi que le nom de Dieu est gravé profondément dans nos cœurs, Bossuet, Mar.-Thér. Cet homme intrigant et profondément artificieux, Genlis, Mères rivales, t. III, p. 129, dans POUGENS. L'élévation et la dignité du caractère agissaient profondément sur elle, Staël, Corinne, IV, 1. Je m'entretenais un jour… avec un terrible répétiteur piémontais, sans goût, ni grâce, ni linge blanc, mais du reste profondément instruit, J. de Maistre, Corresp. à M. de Bonald, 15 nov. 1817.
  • 3En rendant plus foncée la couleur noire. On peut faire de l'encre avec cette pierre ; car elle noircit profondément la décoction de noix de galle, Buffon, Min. t. VII, p. 138.

HISTORIQUE

XIe s. Li reis paiens parfundement l'incline [s'incline devant lui], Ch. de Rol. LXXV.

XIIIe s. Or n'ai-je pas quanque je vueil ; Ainz sui dolenz et si me dueil Parfondement, Rutebeuf, 14.

XVIe s. Il demoura longuement pensif en luy mesme bien profondement sans mot dire, Amyot, P. Aem. 45. Alexandre le grand, le jour assigné à cette furieuse bataille contre Darius, dormit si profondement…, Montaigne, I, 339. L'apprehension, je l'ay lente et embrouillée ; mais ce qu'elle tient une fois, elle le tient bien, et l'embrasse bien universellement, estroictement et profondement, Montaigne, ib. III, 58.

ÉTYMOLOGIE

Profonde, et le suffixe ment ; prov. preondamens, profondamens ; anc. cat. pregonamen ; espagn. profundamente ; ital. profondamente.