« proscrire », définition dans le dictionnaire Littré

proscrire

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proscrire

(pro-skri-r') v. a.

Il se conjugue comme écrire.

  • 1 Terme d'histoire romaine. Condamner à mort sans forme judiciaire et en écrivant simplement le nom sur une affiche. Les triumvirs proscrivaient tous leurs ennemis. Je n'ai pour ennemis que ceux du bien commun, Je leur fais bonne guerre, et n'en proscris pas un, Corneille, Sertor. III, 2.

    Absolument. C'est par d'autres exploits que vous briguez l'empire ; Il savait pardonner, et vous savez proscrire, Voltaire, Triumv. III, 6.

  • 2 Par extension, prendre des mesures violentes contre les personnes dans les temps de troubles civils. George Keith avait quitté son pays dans sa jeunesse, et y fut proscrit pour s'être attaché à la maison Stuart, Rousseau, Conf. XI. Le chancelier le Tellier, digne père de Louvois, signa l'édit de sang qui proscrivit trois millions de citoyens, et, prêt à descendre dans le tombeau, se fit l'application sacrilége du cantique de Siméon, Duclos, Œuvr. t. V, p. 187.

    Absolument. J'écrivis [sur un bulletin électoral] Bignon et un autre ; Bignon, vous le connaissez, je crois, celui qui ne veut pas qu'on proscrive, Courier, 2e lett. particul.

  • 3En général, faire périr. J'aimais vous l'avez su ; mais, pour venger mon père, J'ai bien voulu proscrire une tête si chère, Corneille, Cid, V, 7. Punissons l'assassin, proscrivons les complices, Corneille, Cinna, IV, 3.
  • 4Éloigner, chasser. Ces grands prêtres cherchent eux-mêmes de faux témoignages contre Jésus-Christ : eux qui devraient proscrire ces hommes infâmes qui font un trafic honteux de la vérité et de l'innocence des autres hommes, Massillon, Pet. carême, Obstacles.
  • 5 Fig. Rejeter, détruire. Chaindasuinde et Recessuinde proscrivirent les lois romaines, et ne permirent pas même de les citer dans les tribunaux, Montesquieu, Esp. XXVIII, 7. Quoique ces rois des Visigoths eussent proscrit le droit romain, il subsista toujours dans les domaines qu'ils possédaient dans la Gaule méridionale, Montesquieu, ib. On s'est mis, depuis quelque temps, à proscrire le comique de la comédie ; c'est là le sceau de la décadence du génie, Voltaire, Lettr. Damilaville, 4 févr. 1762. Les soupers sont proscrits, et vraiment c'est dommage, Delavigne, Éc. des vieill. I, 1. Pour détrôner l'abus, proscrironsnous l'usage ? Delavigne, Épître à Lamartine.

    Par extension. Quand les dieux ont souffert que Sylla se soit impunément fait dictateur dans Rome, ils y ont proscrit la liberté pour jamais, Montesquieu, Sylla et Eucrate. D'abord par un arrêt sévère à jamais proscrivons l'ennui, Béranger, Ma rép.

  • 6Se proscrire, v. réfl. S'infliger les uns aux autres la proscription. Dans la Révolution, les partis se sont successivement proscrits.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant li sainz veit venir les suens à lui fuitiz [fugitifs], E les enfanchunetz pendre as meres as piz [seins], E que lui et les suens aveit li reis proscriz…, Th. le mart. 65.

XVIe s. Ignatius pere et fils, proscripts par les triumvirs à Rome, Montaigne, I, 256.

ÉTYMOLOGIE

Lat. proscribere, de pro, en public, et scribere, écrire ; la proscription se faisant par l'affiche d'une table où étaient les noms des proscrits.