« prouesse », définition dans le dictionnaire Littré

prouesse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prouesse

(prou-è-s') s. f.
  • 1Action de preux, vaillance. Le lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, La Fontaine, Fabl. III, 14. Et déjà dans le port Tout retentit de nos prouesses, Molière, Amph. I, 1. Dans une nation guerrière où la force, le courage et la prouesse sont en honneur, Montesquieu, Esp. XXVIII, 17. Ces pleurs vont enfanter d'incroyables prouesses, Delavigne, la Fille du Cid, II, 8.
  • 2 Familièrement, il se dit de choses comparées à des prouesses. Le comédien Destin fit des prouesses à coups de poing, dont on parle encore dans la ville du Mans, Scarron, Rom. com. I, 3. Ces dragons de vertu, ces honnêtes diablesses, Se retranchant toujours sur leurs sages prouesses, Molière, Éc. des f. IV, 8. Mais bientôt, rappelant son antique prouesse, Il [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse, Boileau, Lutr. v.

    Conter ses prouesses, raconter ce qu'on a fait de vaillant soit à la guerre, soit ailleurs. Ce mot est vieux, et n'entre plus dans le beau style qu'en raillerie, comme, par exemple, si je dis : sa vanité est insupportable, il ne cesse de parler de ses prouesses, Vaugelas, Rem. t. II, p. 680. Il était occupé à conter ses prouesses à quelques dames qui s'étaient approchées des comédiennes, Scarron, Rom. com. I, 21.

    Ironiquement. Voilà une belle prouesse, se dit de quelque action blâmable ou ridicule. Nous avons fait, Lisette, une belle prouesse, Fagan, Rendez-vous, sc. 14.

  • 3Certains excès de débauches. Leurs prouesses sont d'avoir bu d'autant, Le P. Sim. Mars, Myst. du roy. de Dieu, p. 156, dans POUGENS. Le duc de Lauzun fit le lendemain [de ses noces] trophée de ses prouesses, Saint-Simon, 28, 71.

SYNONYME

PROUESSE, EXPLOIT. La prouesse n'est plus proprement que l'action d'un chevalier, d'un paladin ; l'exploit est d'un grand capitaine, d'un général. On dit les prouesses d'Amadis ; les exploits d'Alexandre.

HISTORIQUE

XIe s. Qui de son cors feïst tantes proecces. Ch. de Rol. CXX.

XIIe s. [il] Ne fud pas de la pruesce as treis premiers [ci-dessus nommés], Rois, p. 214.

XIIIe s. Tout ainsi com la nois [neige] remest [se fond] Quant li rais du soleil l'ataint, Tout ainsi remest et estaint El cuer de l'home la proesche, Si tost qu'avarice l'esteche, Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 276. Et quant aucuns à honor monte Par son sens ou par sa proece, C'est la chose qui plus la blece [l'envie], la Rose, 249. Après, te garde de retraire Chose des gens qui face à taire : N'est pas proesce de mesdire, ib. 2099.

XIVe s. Celle vertu que l'en seult en françoys appeller proesce, Oresme, Eth. 79.

XVe s. Et me sambloit, à voir enquerre [à chercher le vrai], Grant proece à leur grasce acquerre, Froissart, Espin. amour.

XVIe s. La singuliere prouesse des habitants à se bien deffendre, Montaigne, I, 27.

ÉTYMOLOGIE

Preux ; prov. proeza ; cat. proesa ; espagn. proeza ; ital. prodezza.