« rebut », définition dans le dictionnaire Littré

rebut

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rebut

(re-bu ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des re-bu-z insultants) s. m.
  • 1Action de rebuter. Lorsque par les rebuts une âme est détachée, Elle veut fuir l'objet dont elle fut touchée, Molière, le Dép. I, I. Si on ne trouvait plus de douceur dans le mépris, dans la pauvreté, dans le dénûment et dans le rebut des hommes, que dans les délices du péché, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 6. Il faut que le monde nous désabuse du monde ; ses appas ont assez d'illusions, ses faveurs assez d'inconstance, ses rebuts assez d'amertume, Bossuet, la Vallière. On ne peut presque leur parler sans s'exposer à une réponse désagréable ; et l'on a beau prendre toutes les précautions possibles, il y a toujours de leur part quelque rebut à essuyer, Bourdaloue, Retraite spirit. 6e jour. Quels rebuts, quelles traverses n'endure-t-on pas pour un fantôme de gloire mondaine ! Fénelon, t. XVIII, p. 40.
  • 2Ce qui est rebuté, ce qu'il y a de plus mauvais. Elle [Rome] a le cœur trop bon pour se voir avec joie Le rebut du tyran dont elle fut la proie, Corneille, Cinna, II, 2. Le rebut de madame est une marchandise Dont on aurait grand tort d'être si fort éprise, Molière, Mis. V, 6. [L'homme] quel sujet de contradiction, juge de toutes choses, imbécile ver de terre… gloire et rebut de l'univers ! Pascal, Pens. VIII, 1, éd. HAVET. Les ouvrages qui ont été les délices et l'admiration de la vieille cour sont le rebut des provinces et du peuple, Bouhours, Entret. d'Ar. et d'Eug. II. M'en irai-je moi seul, rebut de la fortune, Essuyer l'inconstance au Parthe si commune ? Racine, Mithr. III, 1. Ces Juifs, dont vous voulez délivrer la nature, Que vous croyez, seigneur, le rebut des humains, Racine, Esth. III, 4. Vous serez rejeté comme une pierre de rebut, Massillon, Carême, Mauv. riche. La fréquence et l'inutilité de ses sollicitations pour l'Académie, avait jeté un air de rebut sur ce candidat si opiniâtre et si malheureux, D'Alembert, Éloges, Trublet.

    C'est le rebut du genre humain, de la nature, se dit d'un homme vil et méprisable.

    Marchandises de rebut, choses de rebut, marchandises, choses qui ont été rebutées ou qui méritent de l'être. Forcée de vendre jusqu'aux meubles de rebut que vous lui aviez envoyés, Marivaux, Marianne, 2e part.

    On dit de même : être au rebut, mettre au rebut.

    Elliptiquement. Au rebut, mettez, mettons au rebut. Voici une paperasse qu'un savant Suisse me donne pour l'article Isis [dans l'Encyclopédie] ; si l'article n'est pas fait à Paris, si celui-ci est passable, faites-en usage ; sinon, au rebut, Voltaire, Lett. d'Alembert, 29 févr. 1757.

    Terme d'administration des postes. Mettre une lettre au rebut, la mettre à l'écart, parce qu'on n'a pas trouvé le destinataire.

HISTORIQUE

XVIe s. Le roy luy feit un fort aspre rebut pour ceste importune demande, Amyot, Thém. 53. Depuis ce rebut là [échec] les Gaulois commencerent à perdre courage, Amyot, Cam. 48. À l'advis d'Anacharsis, le plus heureux estat d'une police seroit où, toutes aultres choses estants eguales, la precedence se mesureroit à la vertu, et le rebut au vice, Montaigne, I, 335.

ÉTYMOLOGIE

Voy. REBUTER. On disait au XVe siècle reboutement au sens de rebut.