« reluire », définition dans le dictionnaire Littré

reluire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

reluire

(re-lui-r') v. n.

Il se conjugue comme luire, par conséquent il n'a ni prétérit défini ni imparfait du subjonctif usités ; cependant il n'y a aucune bonne raison pour ne pas employer ces temps, et pour ne pas dire : Le fanal reluisit toute la nuit ; je n'ai pas vu d'armes qui reluisissent aussi bien que celles de ce régiment.

  • 1Luire en réfléchissant la lumière. Chrispe est comme un enfant qui voit un fer reluire, Et qui le veut avoir, quoiqu'il lui puisse nuire, Tristan, M. de Chrispe, III, 2. Tout y reluisait d'or et de pierreries, Bossuet, Hist. II, 4. Il apprit dans ses voyages, que, dans la Bétique, l'or reluisait de toutes parts ; cela fit qu'il y précipita ses pas, Montesquieu, Lett. pers. 142.

    Fig. La reine d'Arménie est due à ses États, Et j'en vois les chemins ouverts par nos combats ; Il est temps qu'en son ciel cet astre aille reluire, Corneille, Nicom., II, 2.

  • 2 Fig. Se manifester avec éclat. Et que tant de beautés qui reluisent au monde, Sont les ouvrages de ses mains [de Dieu], Malherbe, I, 5. J'étais chez une dame en qui… Reluit, environné de la divinité, Un esprit aussi grand que grande est sa beauté, Régnier, Sat. VIII. À voir la sérénité qui reluisait sur ce front auguste [de Louis XIV], Bossuet, Louis de Bourbon. Où a-t-on pris que la prière et la récompense ne soient que pour les jugements humains, et qu'il n'y ait pas en Dieu une justice dont celle qui reluit en nous ne soit qu'une étincelle ? Bossuet, Anne de Gonz. Dieu avait introduit l'homme dans le monde, où, de quelque côté qu'il tournât les yeux, la sagesse du créateur reluisait dans la grandeur, dans la richesse, dans la disposition d'un si bel ouvrage, Bossuet, Hist. II, 11. Ce caractère de soumission [aux puissances] reluit tellement dans toutes leurs apologies [des chrétiens], qu'elles inspirent encore aujourd'hui à ceux qui les lisent l'amour de l'ordre public, Bossuet, II, 12. Joas les touchera par sa noble pudeur, Où semble de son sang reluire la splendeur, Racine, Ath. I, 2. Je m'embarquai avec les autres, et l'espérance commença à reluire au fond de mon cœur, Fénelon, Tél. III.

    PROVERBE

    Tout ce qui reluit n'est pas or, il ne faut pas se fier à l'éclat de l'apparence.
    Encore un coup il le peut prendre, En essayer, et puis le rendre, Si ce qui reluit n'est pas or, Scarron, Virg. IV.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIe s. Contre soleil reluisent cil adoub [armures], Ch. de Rol. CXXXV. Tout li païs en reluist et esclaire, ib. CLXXXVI.

XIIe s. Reis, se tu es enuinz [oint], curune d'or portant, Ne deiz estre en orgueil, mais en bien reluisant, Th. le mart. 30.

XIIIe s. Mais il est droituriers sans doute ; Car bontés reluit en li toute, la Rose, 17390. Et vit lonc de lui reluire l'or et l'azur des armeures, Chr. de Rains, p. 69.

XVe s. Tout n'est pas or ce qui reluit, Deschamps, Poésies mss. f° 55. La cité de Jennes commençait jà à reluire en prosperité, Bouciq. II, 10.

XVIe s. Afin que, le commencement du monde estant cognu, l'eternité de Dieu reluise plus clairement, Calvin, Instit. 101. L'heur et la beatitude qui reluit en la vertu, Montaigne, I, 70. Et si est ce que partout où sa pureté reluict, la nature faict honte à l'art, Montaigne, I, 235. Ciceron, tout aussi tost qu'il s'y fut mis, reluisit en estime de bien dire par dessus tous les autres orateurs, Amyot, Cicér. 6. Tout ainsi que nous voyons nos yeux reluisans dedans les prunelles de ceulx de nos prochains…, Amyot, Comm. ouir, 8.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. relure ; wallon, rilûr ; provenç. reluzer, reluzir ; espagn. relucir ; ital. rilucere ; du lat. relucere, de re…, et lucere, luire.