« rusé », définition dans le dictionnaire Littré

rusé

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rusé, ée

(ru-zé, zée) adj.
  • 1Qui a de la ruse. Attendez, leur dit-il, couple lâche et rusé, Boileau, Lutr. V. Auguste, rusé tyran, les conduit doucement à la servitude, Montesquieu, Rom. 13. Il faut avouer que ce berger est un rusé coquin, Brueys, Avoc. Pat. III, 6.

    Familièrement. C'est un rusé compère, c'est un homme adroit et artificieux.

    On dit de même : c'est une rusée commère.

    Substantivement. Un rusé. Une rusée. Du palais d'un jeune lapin Dame belette un beau matin S'empara ; c'est une rusée, La Fontaine, Fabl. VII, 16. Voyez-vous la petite rusée ? oh ! çà, çà, je vous pardonne pour cette fois-ci, pourvu que vous me disiez tout, Molière, Mal. imag. II, 11.

  • 2Qui annonce de la ruse. Avoir l'air rusé.
  • 3Ancien terme de marine. Se disait d'une ancre dont les pattes n'enfoncent pas bien dans le fond.

HISTORIQUE

XIIe s. Mout fut dolanz quand voit Franzois rusez [reculés], Les rens peciez, en trois lius estroez, Ronc. p. 143.

XIIIe s. Li amant en sunt excusé, Et li deduit d'amors rusé [reculé], la Rose, 7540.

XIVe s. Aucunes vieilles qui sont rusées et font les sages, Ménagier, I, 7.

XVe s. La greigneur partie [des routiers] et les plus rusés [les plus habiles] de pillerie, et les plus renommés estoient de Bearn, Froissart, II, III, 90. Je croy que homme n'est si rusé, Qui n'y laissast linge et drapelle, Villon, Grand test. Double ballade.

XVIe s. [Le duc de Guise] Sur les bornes de Gaule affrontant sa jeunesse Aux desseins plus ruzés de la grise vieillesse D'un si caut empereur [Charles-Quint], Ronsard, Poëmes, liv. I. L'homme rusé par long usage N'est folement avantureux, Du Bellay, J. III, 90, verso. …Et, peu ruzé au mestier de la chasse, Ores ceux-cy, et ores ceux-là passe, Du Bellay, J. IV, 10, verso. Il est rusé en cela [il y est habile], H. Estienne, Précellence, p. 79. Homme rusé tard abusé, Cotgrave Les plus rusez sont les premiers prins, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Ruse ; bourguig. érusé. Les sens historiques sont reculé, repoussé, habile, rusé (voy. RUSER).