« somme.3 », définition dans le dictionnaire Littré

somme

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

somme [3]

(so-m') s. m.
  • 1Synonyme de sommeil. À la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus : Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, Et reprenez vos cent écus, La Fontaine, Fabl. VIII, 2. Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ? La Fontaine, ib. XI, 4. Belle nécessité d'interrompre mon somme ! La Fontaine, ib. VI, 11. Le laboureur, l'artisan, qui chaque soir prend somme et répare la nuit les fatigues du jour, Courier, Lett. VIII.

    Avec personnification. Ces pavots qu'ici-bas pour leur suc on renomme, Tout fraîchement cueillis dans les jardins du Somme, La Fontaine, Songe de Vaux, Fragm. 7.

  • 2 Particulièrement. Moment assez court que l'on donne au sommeil soit le jour soit la nuit. Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme, La Fontaine, Fabl. IX, 4. La nuit revient, et l'une et l'autre était Au premier somme…, La Fontaine, Herm. Il faut donc en ce lieu que j'attende le jour, Et que dessus ce lit je fasse un petit somme, Boursault, le Mort vivant, III, 2. C'est là que le prélat, muni d'un déjeuner, Dormant d'un léger somme, attendait le dîner, Boileau, Lutr. I. Certes je n'ai jamais dormi d'un si bon somme, Racine, Plaid. III, 3.

    D'un somme, sans que le somme soit interrompu. La Fable imagina qu'un Épiménide avait dormi d'un somme pendant vingt-sept ans, et qu'à son réveil il fut tout étonné de trouver ses petits enfants mariés qui lui demandaient son nom, Voltaire, Dict. phil. les Sept dormants.

    Familièrement. Il a fait la nuit tout d'un somme, il a dormi toute la nuit sans se réveiller.

    On dit dans le même sens : Il n'a fait qu'un somme toute la nuit. Il [Amazan] lui expliqua le système qui fut, après tant de siècles, celui de Pythagore, de Porphyre, de Jamblique ; sur quoi, milord s'endormit, et ne fit qu'un somme, jusqu'à ce qu'on fût arrivé à sa maison, Voltaire, Pr. de Babyl. 8. Frontin : Je ne pouvais dormir ; Oh ! maintenant la nuit je ne fais plus qu'un somme, Imbert, Jaloux sans amour, IV, 4.

  • 3Haut somme, nom que l'on donne quelquefois par euphémisme à l'apoplexie.

REMARQUE

1. Les premiers qui se sont servis de somme sont Ronsard et Belleau… ces deux auteurs disaient somne quand ils voulaient parler de l'action de dormir, et somme quand ils voulaient signifier le dieu du sommeil, Vaugelas, Nouv. Rem. observ. de M***, p. 395, dans POUGENS. Cela n'est pas exact ; dès le XIIIe siècle on a dit some ou soume.

2. Je dors d'un bon somme est bien mieux dit que d'un bon sommeil, qui néanmoins ne serait pas mauvais ; il est vrai que l'usage de sommeil a plus d'étendue, et qu'on le dit en beaucoup de lieux où il ne faudrait pas dire somme, par exemple quand on dit : accablé de sommeil, et non de somme, Vaugelas, Nouv. Rem. p. 394, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant li songes suet [a coutume] les homes porpenre, Job, p. 479.

XIIIe s. Et la nuit dou premier soume issirent dou castiel et vinrent as loges des garnisons…, Chr. de Rains, p. 139.

XVIe s. …en noz yeux il [Mercure] envoye Ores le somme, et ores le reveil, Ores les clost d'un eternel sommeil, Du Bellay, J. IV, 13, recto. Et eux la nuict, environ le premier somme, se partirent de Thebes, Amyot, Lysand. 53.

ÉTYMOLOGIE

Saintong. songhe ; poitev. faire un songe ; prov. som, son ; cat. son ; esp. sueño ; portug. somno, sono ; ital. sonno ; du lat. somnus ; de même radical que le grec ὕπνος, le sanscrit svapna, le gaélique suain, sommeil, et le vieux norrois svefn.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

3. SOMME. - REM. Ajoutez :

3. Malherbe a dit : Sommeil est désir de dormir, et somme est le dormir même, Lexique, éd. L. Lalanne. Cette distinction que Malherbe veut établir n'est point ratifiée par l'usage ; en lisant attentivement les divers exemples rapportés à somme et à sommeil il ne paraît pas que les auteurs aient admis une différence sensible entre les deux. Mais le fait est que sommeil a quelquefois le sens d'envie de dormir, sens que somme n'a jamais (voy. SOMMEIL, n° 2).