« sommeiller », définition dans le dictionnaire Littré

sommeiller

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sommeiller

(so-mè-llé, ll mouillées, et non so-mè-yé) v. n.
  • 1Dormir, être dans le sommeil. La nuit quand tout sommeille. Il élevait sa queue, il la faisait briller, Et cent mille autres badinages, Pendant quoi nul dindon n'eût osé sommeiller, La Fontaine, Fabl. XII, 18. Le quartier alarmé n'a plus d'yeux qui sommeillent, Boileau, Lutr. IV. Lorsque tout sommeillait dans l'ombre de la nuit, La Harpe, Mélanie, I, 4.

    Fig. Allez, où sont allés vos pères, Dormir auprès de vos aïeux ; De ce lit où la mort sommeille, On dit qu'un jour elle s'éveille, Lamartine, Méd. II, 4.

  • 2 Particulièrement. Dormir d'un sommeil léger, d'un sommeil imparfait. Je ne dormais pas tout à fait ; je ne faisais que sommeiller. On l'a interrogé [M. Fouquet] sur les octrois : il a fort bien répondu ; pourtant il s'est allé embrouiller sur certaines dates, sur lesquelles on l'aurait fort embarrassé, si on avait été fort habile et bien éveillé ; mais, au lieu d'être alerte, M. le chancelier sommeillait doucement, Sévigné, Lett. à Pompone, 24 nov. 1664. Au prélat sommeillant elle adresse ces mots, Boileau, Lutr. I. Comme on voit sommeiller cette pâle statue Qui montre, en nos jardins, Ariane abattue Posant sur un bras faible un front décoloré, P. Lebrun, Voy. de Grèce, II, 3.

    Par extension. Ne dis plus, ô Jacob, que ton Seigneur sommeille ; Pécheurs, disparaissez ; le Seigneur se réveille, Racine, Athal. III, 7.

    Fig. Censeur de ma chère paresse, Pourquoi viens-tu me réveiller Au sein de l'aimable mollesse Où j'aime tant à sommeiller ? Bernis, Épît. X, Paresse.

  • 3 Fig. Il se dit de ce qui est dans un état d'inactivité, d'inertie. La nature sommeille. Ses passions sommeillaient encore. Dans l'erreur du soupçon votre raison sommeille, Mairet, Soliman, II, 7. Tantôt, dans un cylindre où l'homme l'amoncelle, Il [le fluide électrique] sommeille, il attend la rapide étincelle, Delille, Trois règn. I. Qu'ils renaissent pour vous ces heureux entretiens Où le choc fait jaillir la flamme qui sommeille, Millevoye, Jalousies littér.
  • 4 Fig. Se laisser aller à quelque négligence. Il n'y a guère d'auteurs qui ne sommeillent quelquefois. Il est temps que tu t'éveilles : Dans le sang innocent ta main va se plonger, Tandis que tu sommeilles, Racine, Esth. III, 3.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIIe s. Sumeille la meie aneme [âme] pur ennui, Liber psalm. p. 184. Je dormi e si sumeillai e relevai ; kar nostre sire me rescout, Arch. des miss. scient. t. V, p. 145. Donez les moi [mes armes] por Dieu le droiturier ; Car trop laissons Berneçon sommillier ; Or le rirons [nous irons de nouveau], se Dieu plaist, esveillier, R. de Cambrai, 149.

XIIIe s. Mere, de quoi me chastiez ? Est-ce de coudre ou de taillier ? Ou de filer ou de broissier ? Ou se c'est de trop sommillier ? Romancero, p. 54. Couchier s'en va, plus n'i atent, Semlie bien et fermement, Ren. 17526. L'université qui lors iere [était] Endormie, leva la chiere ; Du bruit du livre s'esveilla, N'onc puis gaires ne someilla, la Rose, 12032. N'ot point de couche appareillie, Ne dras de lin, ne oreiller, à terre l'estut sommellier, Rutebeuf, II, 119.

XVIe s. Heureux quand je regarde Ses beaux yeux sommeiller, Ronsard, 189. [Caton] se renfonçant dans le lict, se remeit encores à sommeiller, Montaigne, I, 340.

ÉTYMOLOGIE

Sommeil ; provenç. someillar, sonelhar, sonilhar ; ital. sonnecchiare.