« soutenu », définition dans le dictionnaire Littré

soutenu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

soutenu, ue

(sou-te-nu, nue) part. passé de soutenir
  • 1Tenu par dessous, supporté. [L'homme] se considérant soutenu… entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET.
  • 2Appuyé, secondé. Il voudrait pour m'aimer que j'eusse d'autres charmes, Que l'éclat de mon sang, mieux soutenu de biens…, Corneille, la Suiv. I, 8. C'est leur fantaisie [des maréchaux] de vouloir qu'on les traite de monseigneur ; et ce doit être aussi la vôtre, soutenue de la raison, de ne le point faire, Sévigné, à Bussy, 26 mai 1681. L'auteur allègue toute l'Écriture, soutenue, comme il dit lui-même, de toute la tradition, Bossuet, 4e écrit, Préambule. Les uns soutenus par leur seule foi, et les autres par leur passion, Bossuet, 5e avert. 21. Quel plaisir d'aimer la religion, de la voir crue, soutenue, expliquée par de si beaux génies et de si solides esprits ! La Bruyère, XVI.

    En termes de guerre. Le général Lahoz, soutenu par une batterie et couvert par une nuée de tirailleurs, Montholon, Mém. t. IV, XV, p. 8.

  • 3Qui a par derrière soi. La douleur du héros était celle d'un sage ; elle était profonde, mais sans éclat et soutenue de majesté, Marmontel, Bélis. VI.
  • 4Qui est renforcé de. Une soupe à bouillon perlé soutenue d'un jeune gros dindon cantonné de pigeonneaux, Molière, Bourg. gent. IV, 1.

    Terme de blason. Se dit d'une pièce qui en a une autre au-dessous d'elle.

  • 5Maintenu, gardé. Une sainte résolution formée, soutenue longtemps au milieu du monde même, Massillon, Profess. relig. serm. 4.

    Constant, persistant. Une bonté soutenue. Une fortune si prodigieuse et si soutenue dans le centre de la tyrannie, au milieu des révolutions, paraît incroyable, Raynal, Hist. phil. III, 30. Des huées soutenues ont empêché d'entendre cette lecture [Blanche et Guiscard de Saurin], Bachaumont, Mém. secr. 25 août 1762.

    Qui ne se dément pas. On ne saurait imaginer une espièglerie mieux soutenue ni plus heureuse, Rousseau, Confess. III.

    Dans un roman, dans une pièce de théâtre, caractères soutenus, caractères qui restent les mêmes dans tout l'ouvrage.

  • 6Un ton soutenu, un ton qui ne se familiarise pas. À la gaieté folle dont elle entremêlait ordinairement ses instructions, succéda tout à coup un ton toujours soutenu, qui n'était ni familier ni sévère, Rousseau, Conf. v.
  • 7 Terme de littérature. Constamment noble et élevé. Style soutenu. Discours soutenu.

    Terme de peinture. Coloris soutenu, coloris vrai et varié partout.

  • 8Qui ne languit point, qui ne se ralentit point. Une course, une marche soutenue. Cette fête [à Chantilly] si superbe, si galante, si longtemps soutenue, La Bruyère, 1. Comme il [le pigeon] a l'aile très forte et le vol soutenu, il peut aisément faire de longs voyages, Buffon, Ois. t. IV, p. 351.

    Terme de manége. Se dit des allures relevées quand elles sont bien égales et des temps de chaque air. Mouvements soutenus, mouvements cadencés, écoutés.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SOUTENU. Ajoutez :
9Une voix soutenue, une voix qui ne baisse ni ne s'élève. Je prononce l'évocation d'une voix claire et soutenue, Cazotte, le Diable amoureux, chap. II.
10 Terme forestier. Massif soutenu, massif de grands arbres sans interruptions. Sous les grandes futaies où le massif est soutenu, le calme est si complet que les feuilles mortes qui couvrent le sol se décomposent sur la place même où elles sont tombées, Bouquet de la Grye, Bull. Société centrale d'Agriculture, 1872, p. 572.