« statue », définition dans le dictionnaire Littré

statue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

statue

(sta-tue) s. f.
  • Figure entière et de plein relief, représentant un homme ou une femme, une divinité, un animal, un dieu, un cheval, un lion. Du plus puissant des dieux nous voyons la statue Par une main impie à leurs pieds abattue, Corneille, Poly. III, 2. Quelques uns ont écrit (mais ce fait est peu sûr) Que chacun d'eux devint statue et marbre dur, La Fontaine, Filles de Minée. Votre songe était de cette sorte : vous avez vu une statue grande, haute et terrible qui se tenait debout devant vous ; la tête en était d'or ; la poitrine et les bras étaient d'argent ; le ventre et les cuisses étaient d'airain, et les jambes étaient de fer et les pieds étaient mêlés de fer et de pierres, Pascal, Prophéties, 26, édit. FAUGÈRE. Les Athéniens affranchis dressent des statues à leurs libérateurs, Bossuet, Hist. I, 8. Les statues ont succédé après les colonnes aux masses grossières et solides que les premiers temps érigeaient, Bossuet, ib. II, 3. On apprend dans le livre des Conversations sur la connaissance de la peinture… que ce fut le duc de Buckingham qui fit acquisition des statues antiques et des tableaux précieux qui formaient le cabinet de Rubens, Gersaint, Catalogue raisonné, p. 5. La statue équestre de Henri IV, érigée sur le pont Neuf le 27 août 1624, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 227, dans POUGENS. Le fameux sculpteur M. Pigalle travaillait dans Paris à la statue du solitaire caché dans Ferney, Voltaire, Commen. Œuv. aut. Henr. Cette aventure [statue érigée à Voltaire], alors unique, deviendra bientôt commune ; on érigera des statues ou du moins des bustes aux artistes, comme la mode est venue de crier : l'auteur, l'auteur, dans le parterre, Voltaire, ib. Il ne faut pas qu'il y ait beaucoup de statues dans un jardin… il faut regarder les statues comme des êtres qui aiment la solitude et qui la cherchent, Diderot, Lett. Mlle Voland, 10 mai 1759. Je crois qu'il est plus difficile à un homme du monde de bien juger d'une statue que d'un tableau, Diderot, Observ. sur la sculpt. Avant Dédale, ajoute-t-on, les statues avaient les yeux fermés, les bras collés le long du corps, les pieds joints ; et ce fut lui qui rouvrit leur paupière, et détacha leurs pieds et leurs mains, Barthélemy, Anach. ch. XXXVII, note 25. Les plus belles statues des Grecs n'ont presque jamais indiqué que le repos : le Laocoon et la Niobé sont les seules qui peignent des douleurs violentes, Staël, Corinne, VIII, 2. À la lueur des flambeaux, l'ombre plus prononcée amortit la brillante uniformité du marbre, et les statues paraissent des figures pâles qui ont un caractère plus touchant et de grâce et de vie, Staël, ib. VIII, 2. En 1638, François Perrin publia un recueil de gravures qui représentent les principales statues dont Rome était alors décorée, Mongez, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. v, p. 151. La première statue dorée fut érigée dans le VIe siècle [de Rome] par Acilius Glabrio à son père vainqueur d'Antiochus aux Thermopyles, Pastoret, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 419.

    Droit comme une statue, très droit. Te voilà sur tes pieds, droit comme une statue ; Dégourdis-toi, courage ! allons, qu'on s'évertue, Racine, Plaid. III, 3.

    Fig. et familièrement. Personne sans action et sans mouvement. C'est une vraie statue. Ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, Musset, On ne badine pas avec l'amour, III, 5.

    Une belle statue, une belle femme, mais froide, sans physionomie, sans esprit.

    Ne pas bouger plus qu'une statue, rester immobile. Il ne bouge pas plus qu'une statue, Genlis, Théât. d'éduc. la Curieuse, IV, 8.

    Statue grecque, se dit en général d'une statue entièrement nue ou n'ayant qu'un bout de draperie.

    Statue romaine, statue drapée ou armée à la romaine.

    Statue hydraulique, statue qui jette de l'eau.

HISTORIQUE

XIIe s. Les statues des gens argent et or, ovres des mains de humes, Liber psalm. p. 176.

XVe s. Les Escossois… sans faire semblant d'aider aux François, estoient comme statues de pierre, esbahis de la grande vaillance des François, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1385.

ÉTYMOLOGIE

Génev. estatue ; provenç. et espagn. estatua ; ital. statua ; du lat. statua, proprement chose debout ; statua n'est qu'une forme du classique stativus (comme nocuus et nocivus), de statum, supin de stare, être debout (voy. STABLE).