« séve », définition dans le dictionnaire Littré

séve

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

séve

(sè-v') s. f.
  • 1 Terme de botanique. Liquide que les racines puisent et absorbent dans le sein de la terre, pour le faire servir à la nutrition du végétal. La séve ascendante. La séve descendante. De quelque façon qu'on intercepte la séve, on est sûr de hâter les productions des arbres, surtout l'épanouissement des fleurs et la production des fruits, Buffon, Hist. nat. Intr. Œuv. t. VIII, p. 283. M. Hales, dans son admirable statique des végétaux, a très bien prouvé que les feuilles sont les principaux organes de la transpiration ; il les a regardées comme les puissances qui élèvent la séve, Bonnet, Consid. corps org. Œuv. t. V, p. 296, dans POUGENS. J'ai pu juger, à l'œil, de la rapidité de la séve dans les plantes que j'ai abreuvées de liqueurs colorées, Bonnet, ib. t. V, p. 295.

    En séve, en pleine séve, durant le temps où la séve est en mouvement dans les végétaux. Arbre en séve. On n'a point observé que ce bois, quoique coupé en pleine séve, ait été piqué des vers, Buffon, Expér. sur les végét. 2e mém.

  • 2 Par extension, certaine force qui rend le vin agréable. Ce vin est trop vieux, il n'a plus de séve. De vous parler… d'un vin à séve veloutée, Molière, Bourg. gent. IV, 1. Oui, je gagerais bien que, chez le commandeur, Villandri priserait sa séve et sa verdeur [d'un vin], Boileau, Sat. III.
  • 3 Fig. Il se dit des choses intellectuelles ou morales qui ont quelque chose comparé à la séve du vin. Il y a de la séve dans cet ouvrage. Ce qui jette l'âme dans un labyrinthe et un entortillement qui ôte toute la droiture de nos actions et toute la bonne séve de la piété, Bossuet, États d'orais. V, 9. À quatre-vingt-six ans, M. de Mirabaud avait encore le feu de la jeunesse et la séve de l'âge mûr, Buffon, Rép. à Watelet, Œuv. t. X, p. 32. La première séve de l'enthousiasme créateur, D'Alembert, Œuv. t. VII, p. 259. Sa séve, nuit et jour, s'épuisait aux orgies, Hugo, Crépuscule, 13.

    En mauvaise part. Ici se cache une séve maligne et corrompue sous l'écorce de la politesse, La Bruyère, IX.

REMARQUE

L'Académie écrit fève avec un è, et trêve avec un ê. Pourquoi figurer de trois manières différentes une prononciation qui est la même ? L'accent grave seul devrait être employé, PAUTEX.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tu trovas ou gastel la feve, Et meis en buche seiche seve, J. de Meung, Test. 234. Pri à ton fil qu'il nous en terde Et nous enleve De l'ordure qu'aporta Eve, Quant de la pome osta la seve, Rutebeuf, II, 4.

XVe s. Au dessoubz de ses ans perfaiz, après les jours d'enfence que la ceve monte contre-mont la jueune plante, Christine de Pisan, Charles V, I, 9.

XVIe s. Les petits buissonnets n'ont seve ny puissance ; Je voudrois estre grand comme ces grands forests, Ronsard, 747.

ÉTYMOLOGIE

Berry, sèpe, sive ; dans l'Angoumois, saber, donner de la séve ; prov. et esp. saba ; du lat. sapa, suc, jus ; comparez l'allem. Saft, suc ; dan. sæbe ; angl. sap ; le grec ὀπὸς, suc (voy. SAPIN).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SÉVE.
2Ajoutez :

Séve se dit aussi en parlant de l'eau-de-vie. Le commerce reproche généralement à cette eau-de-vie de présenter une séve moins agréable à la dégustation, Enquête, Traité de comm. avec l'Anglet. t. VI, p. 114.