« transport », définition dans le dictionnaire Littré

transport

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

transport

(tran-spor ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's ne se lie pas ; cependant quelques-uns la lient : des tran-spor-z excessifs) s. m.
  • 1Action par laquelle on transporte quelque chose ou quelqu'un d'un lieu dans un autre. Transport des marchandises, de l'artillerie, de l'argent. Ce malade n'est pas en état de souffrir le transport. Tous les transports de peuples faits à Constantinople n'ont jamais réussi, Montesquieu, Lett. pers. 121. La vertu suppose la liberté, comme le transport d'un fardeau suppose la force active, Voltaire, Dict. phil. Droit canonique. Accablé de chagrins et de maladies, Lalli, prisonnier dans Madras, demanda vainement qu'on différât son transport en Angleterre, Voltaire, Pol. et lég. Fragm. Inde, 17.

    Terme de marine. Action de porter des hommes, des marchandises, des vivres, etc. d'un lieu à un autre

  • 2 Par extension, voitures servant au transport des choses nécessaires à une armée. Un transport lourd et considérable.

    En marine, un transport se dit pour : bâtiment de transport. Les transports manquaient.

  • 3Action d'une personne qui, par autorité de justice, se rend, se transporte sur les lieux pour procéder à une vérification, à une visite. Transport d'un expert sur les lieux.

    Droit de transport, indemnité accordée aux juges, aux greffiers, aux témoins et aux officiers ministériels, en cas de déplacement

  • 4 Terme de géologie. Terrain de transport, terrain d'alluvion.
  • 5Action de porter le montant d'une addition du bas d'une page au commencement de la suivante. On dit plus souvent report.
  • 6Jouer par transport, se dit, au trictrac, lorsqu'on joue toutes les dames qui sont abattues des piles, et qu'on en fait des cases et des demi-cases.
  • 7 Fig. Transport ou transport-cession, cession d'un droit qu'on a sur quelque chose. Faire le transport d'une rente. Je lui ai fait un transport de ma créance. Le cessionnaire d'un titre exécutoire ne peut poursuivre l'expropriation qu'après que la signification du transport a été faite au débiteur, Code civ. art. 2214.

    Fig. C'est un don [la justification du pécheur] que le Père a fait à son Fils, et ce Fils miséricordieux nous le cède ; il veut que nous jouissions de son droit ; nous l'avons de lui par transport, Bossuet, Sermons, Jubilé, pénitence, I.

  • 8 Fig. Mouvement violent de passion qui nous met hors de nous-mêmes. J'ai pour lui des transports de haine Que je ne conserve pas bien, Corneille, Héracl. v, 1. Je me livre en aveugle au transport qui m'entraîne, Racine, Andr. I, 1. Perfide ! oses-tu bien te montrer devant moi ?.. Après que le transport d'un amour plein d'horreur…, Racine, Phèdre, IV, 2. Ces paroles lui échappèrent dans le transport de sa passion, Fénelon, Tél. VII. Cette indifférence pour les autres, et cette attention continuelle sur lui-même ne venaient que du transport continuel où il était jeté par la violence de ses passions, Fénelon, ib. XVI.

    Absolument. Tout mouvement passionné. Goûtez à pleins transports ce bonheur éclatant, Molière, D. Garc. III, 4. On mande que le roi d'Angleterre est arrivé en Irlande, où il a été reçu avec transport, Sévigné, 536. Le soir, je reçus votre lettre, qui me remit dans les premiers transports [de chagrin], Sévigné, à Mme de Grignan, 6 févr. 1671. Vous êtes toujours en joie toujours content de vous-même ? vous ne voyez rien : les choses humaines ne portent pas ce perpétuel transport, Bossuet, Polit. X, IV, 1. Sait-on ce que l'on fait dans un premier transport ? Quinault, Mère coq. II, 6. Il faut désormais que mon cœur, S'il n'aime avec transport, haïsse avec fureur, Racine, Andr. I, 4. Conçois-tu les transports de l'heureuse Hermione ? Racine, Andr. III, 3. Quels aveugles transports Vous font tenter sur vous de criminels efforts ? Racine, Mithr. v, 1. J'ignore son dessein [de Xipharès] ; mais un soudain transport L'a déjà fait descendre et courir vers le port, Racine, ib. IV, 6. Je critique avec sévérité, et je loue avec transport, Voltaire, Lett. Cideville, 24 mai 1762.

  • 9Enthousiasme. Sentiez-vous, dites-moi, ces violents transports Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts ? Boileau, Sat. IX. D'est lui qui vous dira par quels transports heureux Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites, Boileau, Art p. IV. Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ! C'est lui-même, il m'échauffe, il m'inspire… de ses mouvements secondez les transports, Racine, Ath. III, 7. [Ces esprits faciles]… Qui, dans les douceurs d'un tranquille délire, N'éprouvèrent jamais, en maniant la lyre, Ni fureurs ni transports, Rousseau J.-B. Ode au comte du Luc. Puis, ivres des transports qui nous viennent surprendre [en lisant les poëtes grecs], Parmi nous, dans nos vers, revenons les répandre, Chénier, l'Invention.
  • 10Transport au cerveau, ou, simplement, transport, délire, égarement de l'esprit causé par la maladie. Mlle de Guise n'a rien à se reprocher que la mort de son neveu ; elle n'a jamais voulu qu'il ait été saigné ; la quantité du sang a causé le transport au cerveau, Sévigné, 73. Souffrirai-je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? aurai-je un transport au cerveau ? mourrai-je d'un accident ? Sévigné, 126. Ils ont [dans l'Élysée] le transport de l'ivresse, sans en avoir le trouble et l'aveuglement, Fénelon, Tél. XIX. Il vaudrait autant parler raison à une personne dans le transport de la fièvre, que de s'opposer à la passion d'un homme amoureux avec le langage de la sagesse, Mme de Puisieux, Ridic. à la mode, p. 260, dans POUGENS. Une fièvre qui lui a enfin donné le transport, Rousseau, Hél. I, 27.

HISTORIQUE

XVIe s. Simple transport [d'une obligation] ne saisit pas [le nouveau possesseur doit le signifier à l'obligé], Loysel, 365. Qu'il se feroit transport de la matiere des poumons à la teste, Paré, XVIII, 68.

ÉTYMOLOGIE

Subst. verbal de transporter ; provenç. transport ; esp. transporte, trasporte ; it. trasporto.