« tressaillir », définition dans le dictionnaire Littré

tressaillir

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tressaillir

(trè-sa-llir, ll mouillées, et non trè-sa-yir), je tressaille, tu tressailles, il tressaille, nous tressaillons, vous tressaillez, ils tressaillent ; je tressaillais ; je tressaillis ; je tressaillirai ; je tressaillirais ; tressaille, tressaillons ; que je tressaille, que nous tressaillions ; que je tressaillisse ; tressaillant ; tressailli v. n.
  • Éprouver une subite agitation. Mon cœur a tressailli d'allégresse dans le Seigneur, et mon Dieu m'a comblé de gloire, Sacy, Bible, Rois, I, II, 1. Qui faisaient un bruit là dedans à faire tressaillir les gens, Scarron, Virg. VII. Le seul mot de testament me fait tressaillir de douleur, Molière, Mal. imag. I, 8. Alors une joie céleste saisit tous ses sens, et " les os humiliés tressaillirent ", Bossuet, Anne de Gonz. De crainte, en m'abordant, je l'ai vu tressaillir, Racine, Phèdre, IV, 1. Je courus au plus vite chez Phocion ; je le trouvai tirant de l'eau de son puits, et sa femme pétrissant le pain du ménage ; je tressaillis à cette vue, Barthélemy, Anach. ch. 82. Dans ses sombres buissons le cerf a tressailli, Saint-Lambert, Sais. III. Quels chants, venus soudain de la lointaine Grèce, Ont de leurs sons connus fait tressaillir mon cœur ! P. Lebrun, Voy. de Grèce, I.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

REMARQUE

1. Quelques écrivains ont dit au présent : Il tressaillit au lieu de il tressaille. Il [ce généalogiste] tressaillit de joie de voir multiplier ses pratiques, Montesquieu, Lett. pers. 132. Un jeune animal, tranquille habitant des forêts, qui entend le son éclatant d'un cor… tressaillit, bondit, et fuit par la seule violence de la secousse qu'il vient d'éprouver, Buffon, Disc. nat. anim. Œuv. t. v, p. 340. Il tressaillit d'aise quand il revoit son camarade, Rousseau, Ém. IV. C'est une faute.

2. Le futur est je tressaillirai ; cependant Le Franc a dit : Je tressaillerai d'allégresse ; et l'Académie de 1798 avait admis cette forme.

3. L'ancienne forme était au présent : je tressaus. Voyant un président, le cœur ne me tressaut, Et la peur d'un prévôt ne m'éveille en sursaut, Régnier, Sat. v.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Fait sun eslais, si tressalt un fosset, Ch. de Rol. CCXXVII.

XIIIe s. Ugues tressault le mur, l'a mise [sa dame] sur l'arçon, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 34. Li sanc li remue et tressaut ; Li corages li munte en haut, Lai del desiré. Lez un buisson à un trespas [il] A un grant fossé tressailli, Ren. 1915. À chief de piece [à la fin] revendras [reviendras] En ta memoire, et tressaudras Au revenir en effraor, Ausinc cum hons qui a paor, la Rose, 2302. Ces choses font tost tressaillir homme en desraison, et li tolent [ôtent] senz et conoissance, Ass. de Jér. I, 50.

XVe s. En tressaillant, sur ce point m'esveillay, Tremblant ainsy que sur l'arbre la fueille, Orléans, Songe en compl.

XVIe s. Un aultre disoit au bourreau, qu'il ne le touchast pas à la gorge, de peur de le faire tressaillir de rire, tant il estoit chatouilleux, Montaigne, I, 296.

ÉTYMOLOGIE

Très, et saillir ; provenç. trassalhir, tressalhir.