« vainqueur », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
vainqueur
- 1Celui qui a vaincu.
La fortune se plaît à faire de ces coups ; Tout vainqueur insolent à sa perte travaille
, La Fontaine, Fabl. VII, 13.Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur [Louis XIV], Alger, riche des dépouilles de la chrétienté
, Bossuet, Mar.-Thér.Ni les chevaux ne sont vites, ni les hommes ne sont adroits que pour fuir devant le vainqueur
, Bossuet, Anne de Gonz.Les Romains ne firent jamais la paix qu'en vainqueurs
, Montesquieu, Rom. 1.Du temps de la république romaine, ce désir d'être honoré par des statues, des couronnes de laurier et des triomphes, rendit les Romains vainqueurs d'une grande partie du monde
, Voltaire, Pol. et lég. Pensées adm. publ. 24.Le vainqueur de Pharsale, de Rocroy, d'Austerlitz, etc. celui qui a vaincu à Pharsale, à Rocroy, à Austerlitz, etc.
Absolument.
Ce peu que mes vieux ans m'ont laissé de vigueur Se consume sans fruit à chercher ce vainqueur [Rodrigue]
, Corneille, Cid, III, 5. - 2Celui qui a remporté un avantage sur ses concurrents, ses rivaux. Il sortit vainqueur de la discussion. Être vainqueur à la course, à la lutte.
Les vainqueurs, se dit quelquefois des jeunes garçons qui ont remporté les prix dans les colléges.
- 3Celui qui a surmonté des difficultés, dompté des passions. Le sage est vainqueur de ses passions. Vainqueur de tous les obstacles.
Il se dit au féminin. La femme demeura vainqueur.
- 4Dans le langage de la galanterie, l'objet aimé.
Garde-toi de nommer mon vainqueur
, Corneille, Rodog. I, 7.Tous les discours [au théâtre] où une personne de son sexe parle de ses combats, où elle avoue sa défaite, et l'avoue à son vainqueur même, comme elle l'appelle
, Bossuet, Comédie, 4.Il se dit aussi d'une femme.
Aurais-je pour vainqueur dû choisir Aricie ?
Racine, Phèdre, I, 1. - 5Adj. m. Qui remporte la victoire.
Fasse le ciel qu'Amphitryon vainqueur Avec plaisir soit revu de sa femme !
Molière, Amph. II, 2.Comme il n'a jamais refusé ce qui était raisonnable étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste étant captif
, Bossuet, Reine d'Anglet.[Les Germains] peuples vainqueurs de l'empire romain dans sa décadence, et qui eussent été exterminés, s'ils avaient eu à combattre les anciennes légions romaines disciplinées
, Voltaire, Russie, I, 6.Fig.
Par un ouvrage enfin, des critiques vainqueur
, Boileau, Épître v. - 6En poésie et en termes de galanterie, il se dit de ce qui captive le cœur. Vos yeux vainqueurs. Vos charmes vainqueurs. Objet vainqueur.
On dit aussi : un air vainqueur.
Il s'était mis sur son air vainqueur pour achever cette conquête
, Hamilton, Gram. 6.En un autre sens, un air vainqueur, des airs vainqueurs, un air de suffisance, de confiance extrême.
HISTORIQUE
XIIe s. Se la victoire nen est lor, E se il ne sont venqueor
, Benoit de Sainte-Maure, V. 37260.
XIIIe s. Li vainquieres gaaigne, fors que…
, Beaumanoir, LXI, 17.
XVe s. Et volt [voulut] le roi que la simplece du juif fust vainqueresse de la malice du chrestien
, Christine de Pisan, Charles V, I, 23.
ÉTYMOLOGIE
Vaincre ; prov. venceire, vensedor ; esp. vencedor ; ital. vincitore. Dans l'ancien français, vainquiere est le nominatif, vainqueor, le régime.