« démettre », définition dans le dictionnaire Littré

démettre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

démettre

(dé-mè-tr'), je démets, tu démets, il démet, nous démettons, vous démettez, ils démettent ; je démettais ; je démettrai ; je démettrais ; je démis ; démets, démettons ; que je démette, que nous démettions ; que je démisse ; démettant ; démis v. a.
  • 1Ôter un os de sa place. Il lui a démis le poignet, Sévigné, 77.

    Se démettre un membre, éprouver une luxation de ce membre. Dom Fernand se démit une cuisse et se trouva si mal de sa chute qu'il ne put passer outre, Scarron, Rom. com. I, 22. L'amante sauta par la fenêtre et se démit le pied, Voltaire, Les deux consolés.

  • 2Ôter d'un emploi, d'une fonction, d'une dignité. On l'a démis de son emploi. Il fut démis [de la royauté], et l'on tomba d'accord Qu'à peu de gens convient le diadème, La Fontaine, Fabl. VI, 6.
  • 3 Terme de procédure. Débouter.
  • 4Se démettre, v. réfl. Être démis, déboîté. Son poignet s'est démis.
  • 5Quitter une charge, un emploi, une dignité. L'un [Sylla] s'en est démis [du pouvoir], et l'autre [César] l'a gardé, Corneille, Cinna, II, 1. Rome, avec une joie et sensible et profonde, Se démet en vos mains de l'empire du monde, Corneille, ib. V, 3. Je leur rends ce pouvoir dont je me suis démise, Corneille, Rodog. V, 3. Il s'est en plein sénat démis de sa puissance, Corneille, Sertor. V, 2. Vous savez que le cardinal de Retz a voulu se démettre de son chapeau de cardinal ; le pape ne l'a pas voulu, Sévigné, Lett. 27 juin 1678. Prétendre qu'ils [les autres] nous passent tout, qu'il nous cèdent tout, qu'en notre faveur ils se démettent de tout, Bourdaloue, Serm. 21e dim. après la Pentec. Dominic. On le força à se démettre de son évêché, Maucroix, Schisme, liv. I, dans RICHELET.

SYNONYME

SE DÉMETTRE, ABDIQUER. Ces deux mots signifient quitter de gré ou de force un emploi, une dignité. Se démettre est plus général ; on se démet aussi bien du moindre emploi que de la plus haute dignité. Au contraire, abdiquer implique une idée de solennité, qui fait qu'on ne s'en sert que quand il s'agit de la royauté ou des plus hautes fonctions.

HISTORIQUE

XIe s. Ainsi [il] est neirs com peiz qui est demise [fondue], Ch. de Rol. CXII.

XIIIe s. Aucun si quident, quant il ont pris arbitrage sor eus, qu'il s'en puissent demettre de lor volenté, mais non font, se ce n'est de l'acort des parties, Beaumanoir, XLI, 7. Car circoncis fus à la lectre, Et baptizié pour nous demectre Du pechié que tu nous maudeis, J. de Meung, Tr. 18.

XIVe s. Se li dix hommes [décemvirs] ne se demettoient de leur magistrat, Bercheure, f° 67, verso. Et se demist de son estat et benefice, Bercheure, f° 29, recto.

XVe s. Ordonné estoit du conseil du roi, que le connestable messire Olivier de Cliçon se desmettroit pour le jeudi l'endemain, de l'office de la connestablie, Froissart, II, II, 194.

XVIe s. Ainsi il ne restera rien en nous qui nous puisse enfler ; mais plustost y aura grande matiere de nous demettre et abbatre, Calvin, Instit. 542. Pensons que nous n'avons nul accez à salut, sinon en nous demettant de tout orgueil, Calvin, ib. 597. Et quant à l'advenir, De moy, dit-il, toute crainte demects, Marot, IV, 52. … Trois muis d'anneaux à Carthage transmis De très fin or, lesquels furent desmis Des doigts des morts, Marot, IV, 125. Ce grand bastiment ayant esté desmis et dissoult, Montaigne, I, 121. Prendre devant le peuple agité une contenance desmise et flatteuse, Montaigne, I, 136. Il usoit d'ustensiles d'or ; et l'estime mieulx, que s'il s'en feust desmis, de ce qu'il en usoit moderéement, Montaigne, I, 281. Ce prelat s'est si purement desmis de sa bourse, de sa recepte et de sa mise…, Montaigne, I, 318. Il avoit le cœur trop gros pour se desmettre à la bassesse de se deffendre, Montaigne, II, 47. À quel soulcy ne nous desmettons nous pour leur commodité ? Montaigne, II, 169. Je veois bien, dict Pacuvius, il faut desmettre [destituer] cettuy-ci, Montaigne, IV, 83. Les jours ensuivans, feignant estre malade, il se desmeit à la fin de sa charge, Amyot, Cam. 66. Mithridates marchoit après luy, et se demettoit vouluntairement au second lieu, en luy deferant, comme à son superieur, Amyot, Sertor. 36. Il faut que le chirurgien prenne souvent garde que l'os ne se demette comme on l'aura reduit, Paré, XIII, 21.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. demetre ; espagn. dimitir ; ital. dimettere ; du latin dimittere, du préfixe di, et mittere (voy. METTRE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉMETTRE. Ajoutez :
6Se démettre, s'humilier, s'abaisser. Si nous nous parons, il [le monde] l'interprétera à quelque dessein ; si nous nous démettons, ce sera pour lui vilité de cœur, Saint François de Sales, Introd. à la vie dévote, IV, 1.