« demeurant », définition dans le dictionnaire Littré

demeurant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

demeurant, ante

(de-meu-ran, ran-t') adj.
  • 1Qui est logé en quelque endroit. L'adresse porte à M. un tel demeurant à Paris.

    Il n'est d'usage au féminin qu'en style de pratique.

    Dans le XVIIe siècle, on était disposé à traiter, comme jadis, les participes présents en adjectifs. Nous n'avons pas sa parole demeurante en nous, Bossuet, 2 Purif. 2. Mme de Maintenon ne pouvait goûter de repos, tant qu'elle y [auprès du roi] voyait son ancienne maîtresse demeurante, Saint-Simon, 413, 187. Aujourd'hui on dirait demeurant dans ces deux phrases.

  • 2 Substantivement. Le demeurant, ce qui demeure, ce qui n'est pas ôté, parti, enlevé. Une fleur de tant de mérite Aurait terni le demeurant [les autres fleurs], Malherbe, IV, 11. Puis, sans qu'on les convie, ainsi que vénérables, S'asseyent en prélats les premiers à vos tables, Où le caquet leur manque, et, des dents discourant, Semblent avoir, des yeux, regret au demeurant, Régnier, Sat. II. Le demeurant des rats tint chapitre en un coin, La Fontaine, Fabl. II, 2. La vieille a soin du demeurant, La Fontaine, Faucon.
  • 3Au demeurant, loc. adv. Quant à ce qui demeure. Onc il ne fut plus forte dupe Que ce vieillard, bon homme au demeurant, La Fontaine, Coc. Au demeurant il était fort sensible à l'intérêt, aimait fort les présents, La Fontaine, Magn. Mme Clot, bonne femme au demeurant, était bien la vieille la plus grognon que je connus de ma vie, Rousseau, Conf. I. Au demeurant c'est un oiseau assez familier qui semble aimer l'homme, s'approche des habitations et vient se percher jusque sur les cheminées, Buffon, le Moqueur.

REMARQUE

D'après les puristes du XVIIe siècle, Vaugelas, Marguerite Buffet, au demeurant était un terme vieilli ; cette condamnation n'a pas prévalu ; il a survécu, mais avec une certaine nuance de familiarité.

SYNONYME

AU DEMEURANT, AU RESTE. Le demeurant, c'est ce qui demeure, subsiste ; le reste, c'est ce qui est de reste ; de là la nuance : il est emporté et violent, honnête homme au demeurant ; c'est-à-dire, en ce qui demeure, subsiste, il est honnête homme : il est emporté, violent, au reste honnête homme ; c'est-à-dire, tels sont ses défauts, mais, quant au reste, il est honnête homme.

HISTORIQUE

XIVe s. Et devez savoir que le demourant de cest chapistre est mal à entendre, Oresme, Eth. VI, 10.

XVe s. Le demourant se sauverent ou furent morts, Froissart, II, II, 66. Quand les gens d'armes qui dedans Duras estoient virent que leur ville se commençoit à perdre, si se retraïrent au chasteau et laisserent convenir [capituler] le demeurant, Froissart, II, II, 11. Luy print plusieurs places et eust achevé le demeurant, n'eust esté…, Commines, I, 2. Et du faict du roy d'Angletere ne leur challoit, au demourant, comme il en allast, Commines, IV, 7. Quand je reviens de la taverne elle me souhaite toujours le demourant du tonneau dans le ventre, et le tonneau avec, Louis XI, Nouv. XCVII.

XVIe s. Sentant la hart de cent pas à la ronde ; Au demeurant, le meilleur fils du monde, Marot, II, 93. Il mettoit en peu de compte le demourant [le reste], Montaigne, I, 90. Le roytelet vit des demeurants de ce monstre, Montaigne, II, 196. C'est là tout le corps de la chrestienté ; le demourant sont isles, comme Angletterre, Escosse, Dannemarc et Suede, qui sont comme peninsules, Lanoue, 389. Jusques icy tous les historiens sont bien d'accord : mais au demeurant, non, Amyot, Thés. 17. Les gens de guerre y sont en tout et par tout separez d'avec le demourant du peuple, Amyot, Lyc. 6.

ÉTYMOLOGIE

Demeurer ; bourguig. demourant.